La route migratoire reliant les côtes algériennes aux côtes espagnoles s’est imposée en 2025 comme l’une des plus meurtrières de la Méditerranée occidentale, avec 1.037 personnes mortes ou portées disparues, selon le rapport annuel de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, qui suit et documente depuis 2001 les violations du droit à la vie des migrants en Méditerranée et aux frontières européennes.
Intitulé Monitoreo del Derecho a la Vida 2025, le document recense 121 naufrages sur cette seule route maritime, empruntée principalement par des migrants quittant l’Algérie pour les îles Baléares et la côte orientale de l’Espagne. La route algérienne représente désormais la première cause de mortalité sur les routes migratoires vers l’Espagne en Méditerranée.
À l’échelle de toutes les routes menant à l’Espagne, 3.090 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en 2025, toutes voies confondues. La traversée depuis l’Algérie constitue ainsi plus d’un tiers des décès recensés. Parmi ces victimes figurent 192 femmes et 437 enfants et adolescents, selon le rapport.
Une mortalité en forte hausse
La mortalité sur la route algérienne a presque doublé par rapport à 2024, année où 517 décès avaient été documentés. Parmi les victimes recensées en 2025, 47 embarcations ont totalement disparu, sans survivants ni corps retrouvés. Ces naufrages concernent surtout des traversées longues, parfois supérieures à 300 kilomètres, vers Ibiza, Formentera et Majorque. La majorité des embarcations étaient de petites barques ou des bateaux de pêche surchargés, mal équipés pour affronter les conditions maritimes.
Le rapport relève que plusieurs naufrages ont été précédés d’alertes restées sans réponse rapide, avec des recherches tardives, notamment dans les zones éloignées des routes commerciales. L’ONG dénonce une omission du devoir de secours, aggravée par une coordination insuffisante entre États et l’absence de dispositifs permanents de sauvetage.
Une grande diversité des profils
Les traversées depuis l’Algérie concernent désormais une grande diversité de profils migratoires : hommes, femmes, familles et mineurs. L’ONG souligne que la route algérienne, longtemps peu médiatisée, est désormais l’un des principaux corridors migratoires vers l’Espagne, et l’un des plus dangereux.
Depuis 2018, Caminando Fronteras documente plus de 28.000 morts et disparus sur l’ensemble des routes maritimes reliant l’Afrique du Nord et de l’Ouest à l’Espagne. La hausse récente sur la route algérienne constitue un signal d’alerte majeur, selon l’organisation, qui appelle à un renforcement urgent des dispositifs de recherche et de secours et à une meilleure coordination entre États riverains pour protéger le droit à la vie des migrants.