Après dix ans d’instruction, le parquet espagnol engage des poursuites contre deux anciens députés du Parti Populaire (PP – droite) accusés de corruption des fonctionnaires algériens pour l’obtention de contrats, rapporte le site Publico.
Le parquet espagnol a requis une peine de 18 ans de prison contre Pedro Gómez de la Serna et Gustavo de Arístegui, deux anciens députés du Parti Populaire, accusés d’avoir mis en place un système complexe de corruption afin d’obtenir des contrats publics en Algérie.
Ce dossier, qui a fait l’objet d’une instruction judiciaire longue de près d’une décennie, cible notamment deux marchés phares : la construction de l’usine de dessalement de Souk Tleta (Tlemcen), d’un montant de 250 millions d’euros, et la construction du tramway de Ouargla, d’une valeur de 230 millions d’euros.
Au centre de ce mécanisme, le cabinet Voltar Lassen, créé par les deux protagonistes, a tenu le rôle d’intermédiaire pour permettre à plusieurs entreprises espagnoles, notamment le géant Elecnor, d’obtenir ces contrats, en échange de commissions occultes versées à des hauts responsables algériens. Ces commissions, passées par un réseau d’opérations financières dissimulées via des sociétés écrans basées en Suisse, aux Pays-Bas, à Dubaï et dans les Îles Vierges britanniques, ont permis de blanchir ces fonds et de cacher leur origine illicite.
En outre, Público révèle que le parquet demande des amendes totalisant plus de 36 millions d’euros à des sociétés considérées comme responsables de déficiences graves dans leurs mécanismes internes de contrôle.
Des bénéficiaires algériens cités nommément
L’enquête détaillée par Público dévoile les noms de plusieurs bénéficiaires directs en Algérie qui ont tiré profit des pots-de-vin versés. Parmi eux figure Abdelaziz Natouri, ancien directeur général de l’énergie, qui aurait acquis un bien immobilier en France d’une valeur de 245 000 euros financé par ces commissions. Amar Aouci, un homme d’affaires influent, aurait reçu un appartement de luxe situé à Puerto Banús, sur la Costa del Sol espagnole. Le traducteur à la présidence algérienne, Zine Hachichi, serait quant à lui impliqué dans le transfert d’environ 300 000 euros à son fils via des circuits offshore shadowés.
Une autre bénéficiaire serait Camelia Gherbi, fille d’une haute responsable de l’Agence Nationale de l’Intermédiation et de la Régulation Foncière (ANIREF), qui aurait vu ses études et son logement en Espagne pris en charge par le système corrompu. Enfin, Smaine Koriche, chef de projet du tramway pour l’Entreprise Publique Métro d’Alger (EMA), serait soupçonné d’avoir perçu environ 850 000 euros de pots-de-vin, versés par l’intermédiaire d’une société aux Émirats arabes unis. Mohamed Moulay, un homme d’affaires, aurait également joué un rôle clé dans le transfert des commissions occultes.
Público note avec étonnement qu’aucune procédure judiciaire n’a été officiellement ouverte en Algérie.
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