M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Tunisie: le DG de la Bourse propose aux partenaires sociaux la cotation en bourse des entreprises publiques

Par TAP
24 octobre 2020

« Je pense que l’idée de la cotation en bourse des entreprises publiques opérant dans secteurs concurrentiels, proposée aux partenaires sociaux, dont l’UGTT n’a pas rencontré de refus de leur part, à condition, bien entendu, de garantir la préservation des emplois et des avantages consentis au personnel », a indiqué vendredi, le Directeur Général de la Bourse de Tunis Bilel Sahnoun

« Nous avons rencontré à deux reprises des membres de l’UGTT, et nous leur avons proposé le listing en bourse d’une entreprise publique, dans le cadre d’un texte de loi qui stipule le changement du mode de gestion des entreprises publiques. Le listing en bourse permettra à l’Etat d’avoir la possibilité de maintenir un droit de regard sur l’entreprise en question et de préserver son caractère publique, grâce à la notion de golden share (permet à celui qui la détient de conserver un droit de veto sur l’ensemble du capital d’une société dans certaines circonstances spécifiques) », a précisé Sahnoun lors d’un webinaire sur le thème « La Tunisie au creux de la vague.. la refondation de la politique financière pour une reprise inclusive ».

En outre, les partenaires sociaux peuvent, exiger, le cas échéant et d’après ce texte de loi, une partie de l’actionnariat, ainsi qu’un partage d’information sur la situation financière de l’entreprise, notamment avec l’obligation de publication des états financiers trimestriel et semestriel de l’entreprise cotée, a-t-il ajouté.

« Si la STEG était cotée en bourse, on aurait eu des émissions des emprunts obligataires également, sur d’autres grandes entreprises, ce qui permettrait d’augmenter de manière très significative la contribution du marché financier et boursier au financement de l’économie»

Le DG de la BVMT a reconnu que le marché financier en Tunisie ne joue pas pleinement son rôle dans le financement de l’économie et que sa contribution dans ce domaine demeure très modeste.

« Dans les pays émergents ou en développement, le marché financier participe à hauteur de 30% dans le financement de l’économie, alors qu’en Tunisie, depuis des décennies, cette contribution n’a jamais dépassé les 10% », a -t-il dit .

« Pour qu’n marché financier puisse jouer son son rôle, il faut qu’il ait de l’offre des titres et de la demande, or aujourd’hui, les secteurs de Telecom, de l’énergie, des mines, le tabac, l’agriculture, et le tourisme, sont absents du marché boursier tunisien . Ainsi, Près de 50% de l’économie n’est pas représenté dans la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) », a-t-il encore ajouté .

A cet égard, 52% des titres cotés proviennent du secteur bancaire et financier et le reste est réparti entre les secteurs de la distribution, de la concession automobile et l’industrie de consommation, ce qui n’est pas de nature à intéresser les investisseurs qui cherchent à se diversifier et à se positionner sur un secteur bien déterminé, selon Sahnoun.

« Aujourd’hui, la capitalisation boursière en Tunisie, est à peine de 22% par rapport au PIB contre 50% dans les pays émergents, sachant que ce taux peut atteindre, dans les pays développés, 100%, », a-t-il encore noté .

S’agissant de la demande, la bourse de Tunis demeure une bourse des particuliers, alors que dans une bourse, il faut avoir un bon « mix » entre les particuliers et l’institutionnel, a-t-il fait savoir.

Dans une bourse, les investisseurs « particuliers » permettent d’assurer un flux permanent de capitaux et une certaine stabilité boursière, alors que (financement) l’institutionnel permet de drainer les investissements en volume, tout en attirant les investisseurs étrangers, ce qui permet à la place boursière d’avoir, un effet d’entrainement pour toute l’économie, ce qui n’est pas le cas en Tunisie.

A cet égard Sahnoun a rappelé que l’attraction des investisseurs étrangers est bloquée également par la réglementation de change, mais a réfuté l’idée que la crise de la pandémie du COVID-19, a eu des impacts sur le marché boursier tunisien. Comparé à d’autres marchés boursiers, depuis le début de l’année, le recul du marché tunisien est évalué à moins de 6 %, contre une chute oscillant entre -15% et -20% sur l’ensemble des marchés boursiers.

Pour l’économiste Taher El Almi, un marché financier développé est une composante essentielle d’une économie et plusieurs études ont montré le lien étroit entre le développement financier et la croissance économique.

Ainsi, le marché financier joue un rôle fondamental dans le suivi des flux financiers. Il permet de faciliter la gestion du risque et contribue également, à l’échange des biens et des services, a-t-il rappelé.

Un secteur financier insuffisamment développé avec un accès limité au financement constitue un obstacle à la croissance économique, a-t-il insisté

D’après cet ancien universitaire, une telle situation ne permet pas de mesurer les risques financiers, l’intermédiation devient inefficace, et la bourse devient stagnante. Le marché financier ne serait pas en mesure d’influencer l’affectation des ressources avec une capitalisation boursière de 10%, selon ses propos.

La cotation en bourse des entreprises publiques qui peut donner lieu à une participation des ouvriers dans le capital de l’entreprise, représente un modèle de la finance inclusive, a-t-il affirmé, faisant remarquer que la cotation à titre d’exemple de la CPG à la bourse, peut contribuer à éviter les actes de blocage de la production par les ouvriers.

Le webinaire sur le thème « La Tunisie au creux de la vague.. la refondation de la politique financière pour une reprise inclusive », est organisé à l’occasion d’un Forum de l’économie financière, par l’Institut des hautes études (IHET) et le groupe «Daily Trading Forum ».

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités

Moussa Benhamadi honoré à titre posthume par le CERIST

Près de cinq ans après sa disparition tragique en détention, l’ancien ministre de la Poste et des Télécommunications, Moussa Benhamadi, a été honoré à titre posthume ce mercredi 16 avril…. Lire Plus

Actualités

Le projet de téléphérique de Béjaïa franchit une nouvelle étape

Le projet ambitieux de téléphérique à Béjaïa avance à grands pas. Conformément aux directives de Wali de la wilaya de Béjaïa, visant à accélérer la concrétisation sur le terrain de… Lire Plus

Actualités Économie

Tunisie : fort creusement du déficit commercial au 1er trimestre 2025

Le déficit commercial de la Tunisie a fortement augmenté au premier trimestre 2025, atteignant -5 050,5 millions de dinars (soit -1 663,6 millions de dollars), en hausse de 66,8 % par… Lire Plus

Á la une Actualités

Partenariats Algérie-Chine : que contiennent réellement ces huit accords industriels ?

La signature de huit nouveaux accords de partenariat entre l’Algérie et la Chine lors du Forum d’affaires du 15 avril à Alger renforce une coopération économique bilatérale déjà solide, dont… Lire Plus

Actualités

L’allocation touristique de 750 euros sera-t-elle appliquée avant la CAN 2025 ?

Depuis l’annonce du président de la République en décembre dernier, les citoyens attendent avec impatience l’entrée en vigueur du nouveau montant de l’allocation touristique, fixé à 750 euros par an… Lire Plus