La 1ère Journée Thématique sur l’Oncogénétique, sous le thème : « Comprendre, prévenir, guérir », a été organisée ce 22 février à Alger, par le Laboratoire de Recherche de Cytogénétique et de Génétique Oncologique et la Société Algérienne de Biochimie et de Génétique Médicales, avec les laboratoires Kahia Genethical, en tant que sponsor officiel et communicant.
Cet événement majeur dans l’avenir de la médecine de précision en Algérie a réuni des oncologues, des chercheurs et des experts en génétique, qui ont beaucoup échangé et discuté autour des dernières avancées en oncogénétique.
La journée a été marquée par l’intervention du Pr. Touati Benoukraf, Chaire de recherche du Canada sur la bio-informatique en médecine personnalisée, qui a présenté le thème du « Big Data et Cancer en Algérie : L’urgence d’une révolution bioinformatique ». Professeur agrégé et Président du Comité Scientifique de Genethica, le professeur Touati a lancé un appel urgent aux autorités du pays, pour une transformation digitale et scientifique dans la gestion des Big Data en oncologie.
Dans son intervention, le spécialiste a mis en lumière la nécessité d’une révolution bioinformatique pour le traitement et l’analyse des données génomiques, notamment dans la lutte contre le cancer. Selon lui, cette problématique ne concerne pas uniquement l’Algérie, mais touche aussi bien les pays développés que ceux en voie de développement.
Souveraineté des données génomiques
Dans ce même contexte, le professeur a évoqué le défi majeur de la souveraineté des données génomiques, soulignant que la majorité des données séquencées dans plusieurs pays, y compris en Algérie, sont analysées sur des serveurs étrangers.
Il a même indiqué que certaines entreprises pharmaceutiques occidentales utilisent ces données pour déterminer la rentabilité de nouveaux traitements en fonction des profils génétiques des patients. Qualifiant ce phénomène de « colonisation numérique », le spécialiste a estimé qu’il représente un frein majeur au développement de la recherche en oncogénétique pour l’Algérie.
Pour faire face à ces enjeux, le professeur Touati propose de créer des bases de données adaptées à chaque population de pays. En ce qui concerne l’Algérie, il propose la création d’une infrastructure nationale de bioinformatique capable de gérer et d’analyser les données génomiques localement.
En plus du lancement d’un projet de séquençage du génome algérien et la formation des bioinformaticiens et des spécialistes en médecine génomique, l’expert conseille d’établir des collaborations scientifiques internationales pour favoriser l’échange de connaissances sans compromettre la souveraineté des données.
Ainsi, force est de constater qu’aujourd’hui, la bioinformatique est au cœur de la médecine moderne, ce qui oblige les autorités du pays de mettre en place une stratégie nationale de gestion des données génomiques pour assurer une meilleure prise en charge des patients, réduire les biais génétiques et garantir l’indépendance scientifique du pays.
N. Nahlil