La Banque d’Agriculture et de Développement Rural (BADR) a significativement augmenté ses financements dans les régions des Hauts Plateaux et du Sud en 2024, selon les déclarations de son directeur général, lors d’une audition devant la commission des finances de l’Assemblée populaire nationale.
Les chiffres présentés par Mohand Bouraï révèlent que l’enveloppe globale destinée à l’investissement a atteint 221 milliards de dinars (DA) cette année, marquant une progression de 7% comparée à 2023, où le montant s’élevait à 206,5 milliards de DA. Ces financements s’ajoutent aux précédents pour porter le total cumulé à 1.983 milliards de DA fin 2024.
Derrière ce chiffre global se dessine une politique de répartition qui concentre les efforts financiers vers les régions ayant le plus besoin de développement. Les Hauts Plateaux arrivent en tête avec 16% d’augmentation, suivis par les wilayas du Sud à 13%. Le Nord du pays, quant à lui, n’a vu ses financements croître que de 3%. Cette répartition géographique n’est pas le fruit du hasard mais semble correspondre à une volonté de rééquilibrage territorial.
Au-delà de la géographie, c’est aussi entre secteurs économiques que les différences se creusent. Le privé a bénéficié d’une hausse substantielle de 12%, alors que le public doit se contenter d’une maigre progression de 2%. Ce déséquilibre pourrait favoriser l’émergence de nouvelles initiatives entrepreneuriales dans des zones traditionnellement moins dynamiques économiquement.
Autre fait notable dans ce panorama financier, l’essor de la finance islamique. Ce segment attire désormais plus de 49.000 clients (contre environ 30.000 en 2023) et a généré 9,4 milliards de DA de financements, dont une majorité (plus de 50%) a été orientée vers l’industrie. Cette diversification des outils financiers élargit les possibilités pour les porteurs de projets dans ces régions. En comparaison, en 2023, les dépôts dans le cadre de la finance islamique s’élevaient à environ 22 milliards de DA, avec un réseau plus restreint.
Les investissements accrus dans les Hauts Plateaux et le Sud pourraient transformer le paysage économique de ces territoires en stimulant de nouveaux projets, notamment dans l’agriculture et l’industrie, deux secteurs considérés comme prioritaires pour le développement local.
Cette redistribution des ressources financières pourrait ainsi constituer un levier pour réduire les écarts de développement entre les différentes parties du territoire national, même si le chemin reste encore long pour atteindre un véritable équilibre.
Yasser K.