Le week-end dernier, les autorités espagnoles et des ONG ont recensé plus de 30 disparus, 184 arrivées et trois arrestations liées à des traversées clandestines parties des côtes algériennes. Ces chiffres, confirmés par l’humanitaire Francisco José Clemente Martin illustrent la persistance d’un flux migratoire devenu quasi quotidien entre l’Algérie et l’Espagne.
Les départs clandestins, loin de reculer avec l’automne, s’intensifient. Les principales zones concernées restent Aïn Taya, Boumerdès et Mostaganem, où les départs s’organisent souvent via des réseaux informels. Parmi les disparus, six jeunes Algériens partis d’Aïn Taya le 19 octobre n’ont plus donné signe de vie. Leur embarcation légère, propulsée par un moteur de 40 CV, n’a pas été localisée. Le Centre de coordination de sauvetage maritime de Palma de Majorque suit l’affaire.
Une autre embarcation partie de Boumerdès transportait 22 migrants somaliens, dont 9 femmes. Elle a disparu le 18 octobre. En parallèle, 24 autres Somaliens ont été secourus à 35 milles nautiques des côtes par le navire espagnol Guardamar Concepción Arenal, après repérage par la Garde civile espagnole. Ces opérations confirment la montée des départs depuis les côtes algériennes, désormais utilisées non seulement par des harraga locaux, mais aussi par des migrants d’Afrique subsaharienne.
L’économie du désespoir
Le 17 octobre, une embarcation rapide de type “Phantom”, utilisée par des passeurs, a été interceptée au large d’Almería. Trois ressortissants algériens ont été arrêtés par le service maritime de la Garde civile de Vera, soupçonnés de trafic d’êtres humains. Ils risquent jusqu’à huit ans de prison.
Ce type d’opération met en évidence une véritable économie parallèle de la migration, où les réseaux tirent profit de la détresse sociale et du manque d’opportunités économiques dans le Maghreb.
Avec un chômage des jeunes élevé et une croissance inégale, les conditions économiques continuent d’alimenter les départs. Pour beaucoup, la Méditerranée représente la dernière voie de sortie d’un système bloqué. Selon les données disponibles, plus de 700 migrants ont perdu la vie depuis le début de l’année sur la route d’Algérie vers l’Espagne. Ce couloir migratoire, autrefois secondaire, est devenu l’un des plus dangereux du bassin méditerranéen.