La 33e Foire de la production algérienne (FPA), tenue au Palais des expositions d’Alger sur plus de 40 000 m², ne se résume plus à une simple vitrine locale. Entre les allées, une nouvelle garde industrielle émerge : celle qui produit selon les normes internationales et exporte après seulement quelques mois d’activité. Elle prouve que la valeur ajoutée n’est plus une promesse, mais une réalité concrète. L’événement atteint cette année une envergure inédite, avec 786 exposants et une surface record.
Pourtant, sur le terrain, l’organisation suscite des interrogations. La décentralisation des pavillons et l’ouverture un jeudi ont créé un certain flottement.
« Une foire qui commence en fin de semaine, pour moi, c’est déjà un échec. C’était presque vide au début », déplore un exposant du pavillon central.
Mais si la fréquentation a mis du temps à décoller, les chiffres d’affaires à l’export, eux, sont déjà en orbite.
Ferdi Awani : de Sétif à l’Europe, le sprint de la mélamine
L’excellence n’attend pas les années. Basée à Sétif, l’unité Ferdi Awani, spécialisée dans la vaisselle en mélamine de haute qualité, incarne ce saut qualitatif. Lancée il y a seulement deux ans, l’entreprise a déjà franchi les frontières.
« Au début, nous étions une dizaine. Aujourd’hui, nous sommes plusieurs dizaines. Nous avons marqué notre présence en Tunisie, en Mauritanie, au Sénégal et même en Côte d’Ivoire, avec plus de 450 modèles », affirme REGGAD Djamel Eddine, directeur commercial.
L’entreprise ne se contente pas du marché africain : elle vise désormais le cœur du marché mondial — l’Europe.
« Nos partenaires européens sont impressionnés par notre rapport qualité-prix. Nos produits sont destinés à l’alimentation, donc soumis à des critères draconiens. Nous attendons simplement notre certificat de conformité pour livrer nos premiers clients européens. Pour nous, c’est l’étape logique. »
VIVA Porcelaine : la conquête italienne en moins d’un an
Le secteur de la céramique et de la porcelaine suit la même trajectoire fulgurante. Dans le nouveau pavillon inauguré pour l’occasion, la marque VIVA Porcelaine attire tous les regards. Son existence se compte en mois, mais son carnet de commandes se lit déjà en plusieurs langues.
« Même lors de la foire en Italie le mois dernier, nous avons réussi à signer des contrats d’exportation. Cela confirme la qualité de nos produits », explique Youcef Belkadi, responsable techno-commercial.
La stratégie de VIVA est résolument globale : Afrique, Europe, et même Amérique latine. L’objectif n’est pas de solliciter l’aide de l’État pour survivre, mais de s’imposer par la technologie et le design.
« Nous visons le leadership mondial de la porcelaine, pas seulement local. »
Le signal politique : soutien à l’intégration, pas à l’assistanat
Lors de l’inauguration, le président Abdelmadjid Tebboune a salué ces avancées, soulignant le rôle crucial de l’intégration nationale. En visitant le pavillon de l’industrie militaire — véritable locomotive technologique — le chef de l’État a réaffirmé que le soutien public serait prioritairement accordé aux innovateurs et à ceux qui transforment les ressources locales en devises.
Le message de cette 33e édition est clair : l’industrie algérienne a changé de dimension.
Elle n’attend plus que les conditions du marché s’améliorent, elle les crée.
De Sétif à Oran, les nouveaux industriels ne demandent qu’une chose : que les barrières tombent, car leurs produits, eux, sont déjà prêts à conquérir le monde.





