À l’approche de l’Aïd El-Adha, une fête symbolique pour les familles algériennes, le gouvernement a pris les devants. Face à l’inflation persistante sur le marché ovin et aux tensions récurrentes d’approvisionnement, les autorités ont annoncé l’importation d’un million de têtes d’ovins. Une initiative qui vise à garantir l’accessibilité de ce produit devenu, au fil des années, un véritable baromètre du pouvoir d’achat.
Le dispositif est déjà en marche. Les premiers lots en provenance principalement de Roumanie ont commencé à débarquer depuis avril, marquant le début concret de cette opération sans précédent. Cette mesure exceptionnelle répond à un double objectif. Il s’agit de satisfaire la forte demande saisonnière tout en préservant le cheptel national, souvent décimé durant cette période de consommation intensive.
L’arrivée échelonnée de ces ovins s’inscrit dans une stratégie visant à garantir un flux régulier vers le réseau de distribution. En effet, les services vétérinaires appliquent rigoureusement un protocole sanitaire qui impose une quarantaine de 3 à 5 jours pour chaque lot importé. Cette précaution essentielle garantit la qualité sanitaire des animaux avant leur acheminement vers les 800 points de vente disséminés à travers le territoire.
800 points de vente déployés à travers le pays
Pour assurer une couverture nationale équitable, près de 800 points de vente ont été stratégiquement répartis à travers les 58 wilayas du pays. Cette distribution géographique est calculée en fonction de la densité démographique et des besoins estimés de chaque région.
Le groupe public AgroLog, maître d’œuvre de cette opération, coordonne l’ensemble du dispositif en étroite collaboration avec les autorités locales. L’opération de vente débutera début mai et se poursuivra jusqu’au 15 du mois, avec une possible extension jusqu’au 25 mai, selon l’évolution de la demande et des stocks disponibles.
En complément de ces importations massives, AgroLog propose également environ 10 000 têtes issues du cheptel local, diversifiant ainsi l’offre proposée aux consommateurs et valorisant la production nationale.
40 000 DA : le prix annoncé pose question
Si l’organisation logistique semble méticuleusement planifiée, la politique tarifaire soulève certaines interrogations. Les sources officielles annoncent un prix fixe de 40 000 dinars par tête pour des moutons d’un poids supérieur à 45 kg. Toutefois, plusieurs zones d’ombre persistent dans cette communication.
Les informations diffusées ne précisent pas clairement s’il s’agit d’un prix plafond ou d’un prix unique. La question des variations tarifaires selon le poids exact au-delà des 45 kg n’est pas abordée dans les communiqués officiels. Certaines déclarations mentionnent des “prix encadrés” sans détailler les marges autorisées, laissant planer un doute sur la transparence du dispositif.
Cette relative opacité sur les modalités tarifaires précises suscite une légitime inquiétude chez de nombreux consommateurs, qui redoutent des ajustements de dernière minute ou des disparités entre les différents points de vente du territoire.
Des modalités d’achat qui privilégient certaines catégories
Sur le plan pratique, les autorités ont privilégié les paiements électroniques via les cartes Edahabia et interbancaires. Pour faciliter ces transactions, des bureaux de poste mobiles seront déployés à proximité des points de vente. Une mesure qui s’inscrit dans la politique nationale de promotion des paiements dématérialisés, tout en conservant la possibilité d’un paiement en espèces dans certaines zones, notamment rurales.
Mais si l’opération est théoriquement ouverte à tous les citoyens sans restriction, plusieurs communes ont instauré des critères de priorité favorisant les familles à revenus modestes, les salariés en contrat stable, les bénéficiaires d’allocations sociales ou de pensions d’handicap, ainsi que les pères de famille. Plus surprenant encore, certaines localités ont explicitement exclu les célibataires du dispositif, une mesure dont la légalité pourrait être questionnée.
Enfin, les autorités ont formellement interdit la revente des moutons acquis via ce programme, toute infraction exposant son auteur à des poursuites pour spéculation illicite.