Les récentes déclarations d’Omar Rekkache, Directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), suscitent à la fois intérêt et interrogations. Avec 14 000 projets enregistrés depuis la restructuration de l’Agence, ce bilan impressionnant pose néanmoins la question fondamentale de leur concrétisation effective dans un pays où les annonces ont souvent dépassé les réalisations.
« Le plus important, c’est ce qui sera exécuté sur le terrain », a reconnu M. Rekkache lors de son intervention à la Radio nationale. Les données disponibles indiquent qu’environ 50% des projets enregistrés sont effectivement entrés en phase de réalisation, tandis que seulement 8% sont pleinement opérationnels. Ces statistiques nuancent l’optimisme affiché par le directeur de l’AAPI et rappellent le chemin restant à parcourir.
Si l’objectif de 20 000 projets d’ici 2029 paraît ambitieux au regard du rythme actuel, la dynamique semble néanmoins positive. À fin juin 2024, 8 050 projets avaient été enregistrés, et plus de 700 nouveaux projets ont été déclarés depuis le début de 2025, témoignant d’une accélération certaine mais qui reste à confirmer dans la durée.
L’argument avancé concernant l’importation croissante d’équipements destinés aux projets validés constitue un indicateur encourageant, mais la concrétisation complète des initiatives annoncées se heurte toujours à des contraintes structurelles, notamment en matière de foncier économique, avec seulement 1 900 assiettes foncières actuellement disponibles.
« La plus grande usine de transformation de papier d’Afrique » bientôt opérationnelle
Le lancement annoncé pour le 24 du mois courant de ce que M. Rekkache qualifie de « plus grande usine de transformation de papier d’Afrique » à Naâma, portée par l’entreprise Général Emballage, représentera un test significatif pour la crédibilité de l’Agence. Ce projet, présenté comme symbolique de la nouvelle dynamique industrielle algérienne, devra surmonter les obstacles habituels qui ont souvent entravé les grands investissements dans le pays, à savoir approvisionnement énergétique, logistique, formation de la main-d’œuvre et stabilité réglementaire.
Des pôles industriels spécialisés dans diverses wilayas
L’AAPI déploie parallèlement une stratégie de création de pôles industriels spécialisés dans diverses wilayas jusqu’ici sous-exploitées. Les projets évoqués – un espace dédié à la chaussure et au cuir à Médéa, un complexe de fournitures scolaires à Bordj Bou Arréridj, et un hub agroalimentaire à Blida et Aïn Defla – témoignent d’une vision d’aménagement industriel du territoire.
Cependant, l’histoire économique récente de l’Algérie a montré que la spécialisation territoriale se heurte souvent à des contraintes d’infrastructure, d’accès aux financements et de gouvernance locale, qui compromettent la viabilité des clusters industriels. Le « plébiscite » des investisseurs mentionné par M. Rekkache pour le hub agroalimentaire devra se traduire par des engagements fermes et des déblocages de fonds concrets.
Les réformes engagées pour simplifier les procédures administratives, notamment via le guichet unique, et renforcer la gestion du foncier économique, sont des pas dans la bonne direction, mais leur impact réel reste à évaluer sur le terrain.
« Le cadre institutionnel se renforce »
« Le cadre institutionnel se renforce. Nous sommes passés à une nouvelle étape », a conclu le Directeur général. La capacité de l’AAPI à transformer ces 14 000 projets en réalisations tangibles, créatrices d’emplois et de valeur ajoutée, constituera l’ultime mesure de succès de cette « nouvelle étape » tant annoncée. Car comme l’a lui-même souligné M. Rekkache, la relance économique nationale dépendra non seulement du cadre institutionnel, mais aussi de l’aptitude des acteurs économiques et administratifs à « être à la hauteur » des ambitions affichées.