Plus de 19 000 projets d’investissement approuvés depuis novembre 2022 pour un montant total de 61 milliards de dollars. Les chiffres communiqués par l’Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI) impressionnent, mais posent une question essentielle : combien sont réellement opérationnels ?
Le directeur général de l’AAPI, Omar Rekache, ne lésine pas sur les annonces. Depuis le lancement de la nouvelle formule de l’agence fin 2022, ce sont 19 045 projets qui ont été enregistrés, soit près de 24 par jour ouvré en moyenne. Un rythme jamais vu dans l’histoire récente de l’investissement en Algérie. Sur le papier, la dynamique est indéniable. Elle témoigne d’une simplification administrative réelle, portée par le guichet unique et la restructuration de l’agence.
Mais l’investissement ne se mesure pas au nombre de dossiers validés. Il se juge à ce qui sort de terre.
D’un palier à l’autre, sans détails sur l’exécution
En avril dernier, l’AAPI évoquait 14 000 projets. Huit mois plus tard, le compteur affiche 19 000, soit 5 000 de plus en moins d’un an. L’accélération est réelle, mais le discours a changé de ton. Auparavant, Omar Rekache prenait soin de distinguer les projets enregistrés, ceux en cours de réalisation et ceux effectivement opérationnels. Cette fois, il présente un volume global, sans ventilation.
Or, lors de ses précédentes interventions, le même responsable indiquait qu’environ 50 % des projets étaient entrés en phase de réalisation, et seulement 8 % en exploitation. Si on applique ce ratio aux 19 000 projets actuels, cela signifie qu’à peine 1 500 à 1 600 fonctionnent réellement aujourd’hui. Le reste demeure à l’état de promesse, bloqué quelque part entre l’administratif, le foncier et le financement.
« Le plus important, c’est ce qui sera exécuté sur le terrain », avait d’ailleurs reconnu Omar Rekache lui-même sur les ondes de la Radio nationale. Une phrase clé, rarement rappelée dans les communiqués officiels.
Un objectif 2027 déjà dépassé ?
L’AAPI s’est fixé un cap : atteindre 20 000 projets d’ici 2027. Mais à ce rythme, l’objectif semble déjà atteint trois ans avant l’échéance. 19 000 projets en un peu plus de trois ans, contre 1 000 de plus sur quatre années supplémentaires ? Le calcul laisse perplexe.
Sauf que le véritable enjeu n’est pas là. Multiplier les déclarations d’intention ne crée ni emplois durables, ni croissance, ni diversification économique. Les 470 000 emplois annoncés restent largement théoriques tant que les projets ne deviennent pas opérationnels. Pour l’instant, les chiffres de l’AAPI reflètent surtout une reprise de la demande d’investissement, stimulée par un cadre juridique plus lisible. C’est un signal positif, mais ce n’est pas encore la preuve d’un décollage économique. L’exécution, justement, reste le test de vérité.