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Abdelaziz Bouteflika explorerait le recours à un implant stimulateur pour retrouver des aptitudes perdues

Par Maghreb Émergent 11 novembre 2016

Plusieurs indices se recoupant et une fuite dans le grand cercle présidentiel, vont dans la même direction : la piste du neuro-stimulateur. Loin d’être simple.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika aurait entamé à Grenoble, en France, des examens exploratoires pour évaluer sa capacité à recevoir un implant stimulateur qui l’aiderait, en cas de réussite, à récupérer notamment une motricité quasi complète et une meilleure élocution. Une source proche du cercle présidentiel a fait une allusion précise à Maghreb Emergent à la piste du « neuro-stimulateur » désormais envisageable « parce que l’Etat général du président de la république s’est beaucoup amélioré ces derniers mois et nous laisse l’espoir d’aller plus loin dans son rétablissement. Les nouveaux moyens de la nanotechnologie appliquées à la médecine le permettent ». Les implants cérébraux de nouvelle génération qui stimulent l’activité neuronale dans le cerveau sont des fruits de la micro-nanotechnologie. Leur efficacité grandissante bénéficie tout autant des progrès de la télé chirurgie qui permet de les implanter dans le cerveau profond avec une haute précision. Les conditions préalables pour leur implantation sont sévères. Mais lorsque l’acte chirurgical est réussit leur incidence est spectaculaire sur la baisse ou la disparition des symptômes des pathologies traitées. Les implants stimulateurs traitent depuis une quinzaine d’années les symptômes de la maladie de Parkinson, l’épilepsie ou certains cas de dépression. Mais leur champ d’application s’est étendu à de nouvelles pathologies ces dernières années. Le traitement des séquelles résistantes sur la motricité ou sur la locution consécutifs à un accident vasculaire cérébral (AVC) est « une nouvelle ligne de frontière » dans l’usage des implants stimulateur. Le président Bouteflika a subit un AVC ischémique transitoire le 27 avril 2013. Il en a conservé des séquelles sur sa motricité et sur son élocution.

Trois indices qui corroborent cette piste …

Le nouveau secrétaire général du FLN le docteur Djamel Ould Abbes a affirmé en réponse à une question de TSA le 1er novembre dernier, que le président Bouteflika « va se remettre à marcher dans quelques mois Inchallah ». Un médecin spécialiste de la rééducation fonctionnelle nous a expliqué que « les progrès les plus importants dans la récupération des fonctions motrices se déroulent la première année après ce type de traumatisme. Si un saut qualitatif se produit la quatrième année, comme par exemple récupérer la locomotion, c’est que la réponse thérapeutique elle même a fait un saut qualitatif ». Djamel Ould Abbes est donc, probablement, dans la confidence des projets du président de la république et de son entourage de tenter d’aller plus loin dans la résilience des séquelles de son AVC. Ce « plus loin », c’est le quotidien régional « le Dauphiné Libéré » qui a, le premier, levé le voile dessus en évoquant un séjour à Grenoble, différent des autres pour le président Algérien : «Abdelaziz Bouteflika doit rester hospitalisé plusieurs jours en vue d’une éventuelle intervention chirurgicale».
Le séjour du président de la république à la clinique d’Alembert de Grenoble se prolonge à son 5e jour sans susciter une inquiétude particulière au sein de son clan politique en Algérie. L’opération chirurgicale, si le Dauphiné Libéré, disait vrai, ne doit dans ce cas de figure être qu’un acte pour améliorer le confort de vie et de travail du président et non pour répondre à une nouvelle dégradation de son état de santé. Djamel Ould Abbes, Le Dauphiné Libéré, le troisième indice qui a alerté une de nos sources médicales approchées sur ce dossier du séjour de Bouteflika à Grenoble, est justement lié au statut de cette ville et son histoire avec les implants stimulateurs cérébraux. « Il se trouve que le père mondial de la médicalisation des nano-électrodes pour corriger les lésions du cerveau est Grenoblois. Il est en plus d’origine algérienne, il s’agit du professeur Alim-Louis Benabid, sans doute un candidat au Nobel les prochaines années » nous a expliqué notre médecin sous le sceau de l’anonymat. Le CHU de Grenoble et l’université voisine Joseph Fourrier ont développé depuis de longues années cette filière thérapeutique ; de l’électrostimulation cérébrale, lancée par le professeur Benabid pour traiter un spectre de pathologie de plus en plus large.

… et trois réserves qui la rendent hypothétique

« Je n’ai pas connaissance que l’on opère des patients de plus de 75 ans pour implanter de tels stimulateurs dans le cerveau profond. C’est clairement contre-indiqué » affirme notre médecin spécialiste en rééducation fonctionnelle. C’est la première réserve à ce scénario de l’implant stimulateur cérébral, auquel penserait le président Bouteflika et son entourage et qui expliquerait le séjour plus prolongé que d’habitude à Grenoble évoqué par le Dauphiné Libéré. Abdelaziz Bouteflika aura 80 ans le 2 mars 2017. L’autre réserve a un lien direct avec l’exercice du pouvoir que la solution invasive de l’implant stimulateur cérébral voudrait justement rendre plus efficace. « L’introduction d’électrodes dans le cerveau est une opération délicate et partiellement invalidante les semaines qui suivent » ; elle peut même entrainer une cessation d’activité de plusieurs mois ; le temps d’adapter les fréquences de décharges aux symptômes traitées et de se prémunir des facteurs de rejet. Le président Bouteflika n’a sans doute pas le projet de disparaître à nouveau de la vie publique algérienne durant une longue période. D’autant moins que le bénéfice le plus attendu d’une telle opération, et c’est là la troisième réserve, est plus lié à la motricité qu’à l’élocution. Le président algérien est ; dans sa vie politique, plus handicapée par le fait d’être inaudible que par la limitation de sa mobilité. Le gain d’une telle implantologie n’est pas décisif. Même si par ailleurs elle ne serait pas ruineuse. Le coût d’implantation d’un neuro stimulateur cérébral a été divisé par trois depuis dix ans et ne dépasse pas les 12 000 euros aujourd’hui. L’acte chirurgical se fait généralement sous anesthésie locale et les risques les plus connus ; l’infection (qui reste le plus souvent hors cerveau) et l’hémorragie ; surviennent dans seulement 5% des opérations.

Mieux finir le 4e mandat ou aller « plus loin »

Si l’implantation d’un neuro stimulateur cérébral paraît contre indiquée sur le profil du président Bouteflika pour les raisons invoquées, le recours à l’électrostimulation hors cerveau, elle est tout à fait envisageable. « A Grenoble, capitale mondiale, de ces techniques, il est tout à fait possible que le professeur Jacques Monségu (le cardiologue du président Bouteflika) ait prospecté avec ses collègues de la place, une implantologie adaptée à son illustre patient ». Elle serait surtout adaptée aux lésions dont souffre le Abdelaziz Bouteflika, et qui l’empêchent de retrouver une activité normale. Un neuro stimulateur médullaire –sur le moelle épinière- est une piste moins invasive, mais elle traite seulement les douleurs nerveuses qui vont, par exemple, jusqu’à invalider l’usage des membres inférieurs. C’est une séquelle fréquente après un épisode ischémique cérébral. « Si nous sommes dans ce cas clinique, un neuro stimulateur médullaire peut aider en effet le président à marcher à nouveau dans quelques mois » confirme le médecin. La motivation pour aller « plus loin », de la communauté médicale grenobloise et de la clinique d’Alembert en particulier ou est suivi le président algérien est compréhensible. Elle serait « le pôle médical » qui aura non seulement prolongé la vie du président algérien, mais qui lui aurait rendu une grande partie de ses aptitudes afin qu’il puisse continuer sa mission à la tête de l’Etat Algérien. Djamel Ould Abbes a rappelé que le président a tenu 280 activités depuis son AVC d’avril 2013, et qu’il va de mieux en mieux. La motivation de Abdelaziz Bouteflika et de son entourage, elle, est alors plus confuse dans cette tentation suggérée de l’implantologie stimulatrice, si elle se confirmait. Mieux finir le 4e mandat en étant plus présent sur la scène publique, ou se préparer à aller encore « plus loin » dans le temps et dans la fonction ?

 

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