Dans un post publié sur Facebook, l’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi revient sur les pressantes manœuvres diplomatiques autour du dossier du Sahara occidental.
Fort de son expérience et de sa connaissance des équilibres régionaux, il met en lumière une dynamique où Washington, Paris et Londres semblent vouloir remodeler le rôle du Conseil de sécurité pour légitimer certaines positions sur ce conflit vieux de plusieurs décennies. Sans attaquer frontalement, Rahabi questionne la logique d’une diplomatie dite « du Deal », marqueur de l’ère Trump, et ses implications sur la perception du conflit autour du statut du Sahara Occidental comme simple contentieux algéro-marocain.
Une lecture tranchante et critique d’un jeu international qui tente, selon lui, de redéfinir les équilibres au Maghreb sans concertation avec l’Algerie un des acteurs concernés. Voici le post complet de Abdelaziz Rahabi sous son titre :
« Le Sahara occidental et la »diplomatie du Deal » de Trump »
« La déclaration de Steve Witkoff sur une curieuse initiative des USA est telle qu’il est difficile de qualifier tant l’Algérie n’a pas été formellement associée à ce qui peut relever de l’activisme débordant du Président Trump et de la diplomatie du Deal .
Ce qui a l’apparence de bons offices entre l’Algérie et le Maroc est dans la réalité une opération d’influence cordonnée entre les USA, la France et la Grande Bretagne au Conseil de sécurité qu’ils ont transformé en un outil de validation de leurs positions notamment sur le Sahara occidental. Ces trois puissances ont présenté un texte qui octroie au Conseil la possibilité de transférer la souveraineté sahraouie à la puissance occupante et de présenter cela comme un gage à la normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc .
Le lien qui est fait entre ces situations procède d’un esprit néocolonialiste et présente à tort l’Algérie comme partie à cette opération dans laquelle elle n’a aucun intérêt sauf celui de paraitre comme sensible aux pressions étrangères.
Paris, qui est l’auteur intellectuel et matériel du ‘’ Plan marocain d’autonomie ‘’, s’active en ce moment même à le détailler pour le rendre lisible sur le modèle de celui de la Nouvelle -Calédonie .
Les Anglais, qui ont longtemps défendu l’autodétermination, sont rattrapés par leur propre histoire. C’est pourquoi pour eux comme, tout récemment, pour la Russie, une large autonomie, peut être considérée comme une forme d’expression de l‘autodétermination. Gibraltar , historiquement terre espagnole, inscrite à l’Onu depuis 1946 comme territoire non autonome, devrait pouvoir bénéficier légitimement de ce virement de la doctrine anglaise.
Il reste que cette fois ce sont les USA qui ont mis tout leur poids pour organiser une vaste opération dont l’objectif est de présenter le problème sahraoui comme un différend algéro-marocain, légitimer l’occupation du Sahara Occidental, aider à stabiliser leur allié marocain, proposer au Polisario une large autonomie ou même une partie de son territoire historique sans consultation du peuple.
Les USA sont également inquiets devant l’expansion de la présence russe et chinoise en Afrique – faute de pouvoir compter sur les modestes moyens de ses alliés africains avec façade atlantique – cherchent à s’implanter au Sahel qui est une vaste zone de non-droit, montre une grande instabilité et représente une réelle menace terroriste .
Il est difficile de croire que les problèmes de notre région se règleront sur le modèle moyen- oriental à coup d’équilibres précaires, de promesses financières, de diplomatie transactionnelle et d’effets d’annonce. Sans des négociations directes et inconditionnelles sous l’égide de l’ONU entre le Polisario et le Maroc , il est irréaliste de croire à une solution juste, durable et définitive de la question sahraouie »