La proposition de loi visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968 sur l’immigration n’a finalement pas été examinée ce jeudi à l’Assemblée nationale. Son auteur, Éric Ciotti, président du groupe “Union des droites pour la République” (UDR), a retiré le texte de l’ordre du jour, quelques heures seulement après l’ouverture des débats.
Selon BFM TV, cette décision intervient dans un contexte sensible : le procès en appel de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, dont le verdict est attendu le 1er juillet. Un membre du groupe UDR a déclaré que l’objectif était de « soutenir un grand écrivain et d’éviter d’alimenter les tensions ».
Cette suspension est perçue comme un geste d’apaisement dans un climat diplomatique déjà tendu entre la France et l’Algérie. Une source diplomatique française à Alger y voit une tentative de préserver la relation bilatérale, alors que les accords de 1968 sont régulièrement remis en question par une partie de la classe politique française, notamment à droite et à l’extrême droite.
Dans le texte initial, Ciotti appelait les autorités compétentes à dénoncer les accords de 1968 et de 2013, les jugeant inadaptés à la réalité migratoire actuelle et à l’évolution des relations avec l’Algérie. Il déplorait notamment l’impossibilité de reconduire à la frontière certains ressortissants algériens en situation irrégulière, considérés comme une menace pour l’ordre public.
Le retrait du texte intervient alors que les tensions diplomatiques entre Paris et Alger se sont accentuées depuis la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental à l’été 2024. L’Algérie avait rappelé son ambassadeur et annulé une visite présidentielle en France. L’emprisonnement de Boualem Sansal et le refus d’Alger de reprendre certains de ses ressortissants ont contribué à crisper davantage les relations.
Dernier épisode en date : des restrictions imposées à la circulation du personnel diplomatique algérien, suivies d’un échange d’expulsions sans précédent. Toutefois, la rencontre récente entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le PDG de CMA-CGM à Alger pourrait marquer un début de détente économique.