Le parquet espagnol examine actuellement la demande officielle de l’Algérie visant au rapatriement de sept mineurs algériens arrivés seuls à Ibiza le 3 septembre dernier. Ces jeunes, âgés de 14 à 17 ans, avaient quitté les côtes algériennes à bord d’un bateau à moteur avant d’accoster sur la plage de Playa d’en Bossa, sans la présence d’aucun adulte à bord — un détail qui a immédiatement attiré l’attention des autorités locales et de la presse.
Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a confirmé lundi que la Fiscalía General del Estado (le parquet général) traite désormais la requête algérienne. Lors d’une rencontre récente à Madrid, son homologue algérien, Saïd Sayoud, a remis tous les documents nécessaires au rapatriement.
Un précédent diplomatique et humanitaire
Pour l’Espagne, cette affaire dépasse le cadre des sept cas individuels. Les îles Baléares abritent actuellement près de 80 mineurs non accompagnés d’origine algérienne, pris en charge dans des centres spécialisés. Si ce premier rapatriement aboutit, il pourrait ouvrir la voie à d’autres retours, dans le cadre d’une coopération bilatérale renforcée entre Alger et Madrid — une question abordée à plusieurs reprises ces derniers mois par les deux ministres de l’Intérieur.
Les autorités locales des Baléares, qui réclament depuis des mois un meilleur partage des responsabilités entre les régions espagnoles, considèrent ce dossier comme un test à la fois diplomatique et humanitaire. Le ministre espagnol de la Politique territoriale, Ángel Víctor Torres, l’a rappelé récemment : « La protection de l’enfance ne relève pas d’un choix politique, mais d’un devoir moral et légal. »
Un débat enflammé sur les réseaux sociaux
Depuis leur arrivée à Ibiza, les sept adolescents sont devenus malgré eux le symbole d’un débat qui dépasse les frontières. Leurs vidéos de traversée, partagées sur TikTok et Instagram, ont rapidement circulé en Algérie comme en Espagne.
Côté algérien, les réactions oscillent entre compassion et indignation. Certains internautes dénoncent « l’échec d’un système qui pousse les jeunes à fuir », tandis que d’autres saluent « la responsabilité des familles qui demandent leur retour ».
En Espagne, les opinions divergent également : plusieurs commentateurs appellent à un rapatriement rapide face à la saturation des centres d’accueil, tandis que d’autres insistent sur « le respect du droit des mineurs et la garantie d’un retour digne ».
Ce débat virtuel, alimenté par des vidéos, des photos et des messages chargés d’émotion, illustre la sensibilité d’un sujet qui touche profondément les deux sociétés. Depuis le 3 septembre, l’affaire continue de susciter des discussions intenses, entre empathie, colère et incompréhension.





