Affaire Khalifa: Pour la défense d’Abdelmoumene Khalifa, une pièce fondamentale de l’édifice de l’accusation est tombée | Maghreb Émergent

M A G H R E B

E M E R G E N T

Maghreb

Affaire Khalifa: Pour la défense d’Abdelmoumene Khalifa, une pièce fondamentale de l’édifice de l’accusation est tombée

Par Yacine Temlali
10 mai 2015
Photo : APS

Le procès de l’affaire Khalifa s’est poursuivi aujourd’hui à Blida. L’ex-PDG de la Khalifa Bank a défié le tribunal d’apporter la moindre preuve de existence de ce contrat d’hypothèque pour lequel il est poursuivi pur « faux et usage de faux ». Pour son avocat Me Nasreddine Lezzar, « dans ce document on ne trouve pas les éléments d’information nécessaires au standard d’un document notarié, notamment des documents identificatifs des propriétaires, des biens hypothéqués… ».

 

 

Ce matin a commencé la dernière audition de Abdelmoumène Khalifa avant les confrontations qui auront lieu la semaine prochaine au tribunal de Blida. Avec une aisance verbale devenue habituelle depuis le début de ce procès, l’accusé principal a répondu aux questions du juge et de ses deux avocats, Me Lazzar et Me Medjhouda. Sa banque Al Khalifa Bank faisait un bénéfice journalier de 5 à 6 milliards de dinars sur tout le territoire national, a-t-il affirmé, expliquant que les bénéfices de ses agences bancaires et de sa compagnie aérienne étaient répartis entre les associés conformément à une convention les régissant.

Les fonds utilisés pour le lancement de la banque Al Khalifa, a assuré Abdelmoumène Khalifa, provenaient des recettes de son entreprise KRG Pharma pour la production et la commercialisation de médicaments, seule dans les années 1999 à concurrencer Saidal, selon ses dires. Et d’ajouter : « Une expertise faite en France démontre le financement d’Al Khalifa Airways par KRG Pharma France. Cette expertise est accessible, je peux vous l’apporter. »

Le notaire Me Rehal, dont le cabinet se trouve à Cheraga, doit répondre au chef d’inculpation de falsification de documents officiels, en l’occurrence, le contrat de constitution de la banque Al Khalifa sans que le quart du capital, estimé à 5 milliards de dinars, ne soit versé, comme l’exige le règlement, ainsi que le contrat d’hypothèque d’une maison à Hydra et d’un local de Cheraga auprès de la Banque de Développement Local (BDL), contrat dont Abdelmouène Khalifa dément l’existence qui l’inculperait de faux et d’usage de faux.

Me Rehal, né en 1929, et dont les facultés auditives paraissent largement altérées, a affirmé que les associés lui avaient montré une somme équivalant le quart du capital nécessaire à la création de la banque: « J’ai pu réunir toutes les signatures des associés, excepté celles d’Abdelaziz Khalifa (frère de Abdelmouène Khalifa, NDR) et de son épouse. Je suis allé à sa maison familiale devant laquelle étaient garées plusieurs voitures. Je n’ai pas voulu entrer. J’ai chargé mon clerc, M. Djamel Guelimi, de m’apporter les autres signatures, ce qu’il a fait. » Et de poursuivre : « J’ai fait cela de bonne foi, et ce n’était qu’une libération de fonds. Il ne faudrait pas confondre la libération des fonds et le versement des fonds à la Trésorerie. Ce dernier devait être fait au niveau de la Trésorerie de Tipaza. »

 

La défense d’Abelmoumene Khalifa exulte

 

Adelmoumène Khalifa n’a cessé de marteler, depuis le début de son audition, que ce contrat d’hypothèque de sa villa à Hydra et de son local à Cheraga auprès de la DBL pour le financement de sa banque est un contrat falsifié, arguant des erreurs dans la description des deux propriétés immobilières, et défiant même le magistrat Antar Menouar de trouver sa signature.

Me Rehal a aussi nié l’existence de ce contrat d’hypothèque pour la BDL et en plus, « il se trouvait en France pour des soins la date de (sa) rédaction » supposée. Le juge l’a alors interrogé : « Votre clerc, M. Djamel Guelimi, aurait-il donc utilisé votre cachet humide ou pris un document blanc avec cachet qu’il aurait rempli par la suite ? ».

Cette audition du notaire de la famille Al Khalifa a redonné un grand espoir à la défense de Abdelmoumene Khalifa. Son avocat, Me Nasseredine Lazzar, a estimé, dans une déclaration à Maghreb Emergent, que ces révélations et les documents présentés par le juge avaient fait tomber une pièce fondamentale de l’édifice de l’accusation de faux et d’usage de faux : « Ce qui faisait objet d’accusation de faux et d’usage de faux s’avère inexistant. Dans ce document d’hypothèque des deux biens immobiliers, on ne trouve pas les éléments d’information nécessaires au standard d’un document notarié, notamment des documents identificatifs des propriétaires, des biens hypothéqués… Aucune d’identité des signataires n’a été identifiée. La société bénéficiaire du crédit n’a pas non plus as été identifiée. On ne trouve ni le numéro du registre de commerce ni l’adresse du siège social ni le nom du gérant ni de celui de la société. On n’hypothèque quand-même pas un bien pour garantir un crédit à une société non identifiée ».

 

Isir Idir multiplie les dénégations

 

Il était 15 heures lorsque a commencé l’audition de Isir Idir, ancien, ex-directeur de l’agence BDL de Staouéli. Coup de théâtre, cet ancien proche de Abdelmoumène Khalifa , accusé de faux et d’usage de faux, d’appartenance à association de malfaiteurs, d’abus de confiance et de fraude, a fait volte-face et nié tous ce qu’il avait dit pendant l’instruction. « Je ne connais pas M. Guelmi », a-t-il dit.

Le juge Antar lui a rappelé ses déclarations relatant la signature du contrat d’hypothèque chez Me Rehal, suivi d’une sortie avec Abdelmoumèhne Khalifa et Djamel Guelmi dans un café. Isir Idir a nié l’avoir déclaré et expliqué qu’il avait été injurié par un juge d’instruction, ce qui l’avait contraint, a-t-il dit, de faire ces déclarations. Antar Menouar lui a alors énuméré une série de témoignages identiques dans trois procès-verbaux différents qu’il était en train de contredire aujourd’hui, ce à quoi il n’a pas semblé répondre de façon convaincante. « Je suis un homme correct, je n’ai jamais falsifié un document ni fraudé. Mes principes ne me le permettent pas et j’ai six enfants à nourrir » n’a-t-il cessé de répéter depuis le début de sa comparution.

 

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Maghreb

Tunnel Maroc-Espagne : une étude allemande le juge “techniquement réalisable”

L’entreprise allemande Herrenknecht, géant mondial des tunneliers, a remis aux autorités espagnoles son étude de faisabilité du tunnel sous-marin reliant le Maroc à l’Espagne, estimant le projet “techniquement réalisable”. Selon… Lire Plus

Á la une Actualités

Offensive contre la société civile en Tunisie : cinq ans de prison en sept minutes de procès

La répression se durcit en Tunisie: le 31 octobre 2025, l’ancien juge administratif et avocat Ahmed Souab a été condamné à cinq ans de prison ferme, suivis de trois années… Lire Plus

Á la une Actualités

U20 : le Maroc offre au Maghreb un 1er titre de champion du monde en football

Le Maroc a remporté la Coupe du monde des U20 cette nuit à Santiago du Chili en battant l’Argentine deux buts à zéro en finale de la compétition. Les Marocains… Lire Plus

Actualités Maghreb

Ghaza après le 7 octobre : 6 regards croisés sur deux ans de génocide et leurs conséquences

Depuis l’attaque du 7 octobre 2023 et la riposte génocidaire d’Israël, la question palestinienne a retrouvé une centralité qu’elle n’avait plus connue depuis les années 2000. Le conflit de Ghaza… Lire Plus

Actualités Maghreb

Cartes de séjour en Europe : l’Algérie et la Tunisie en recul, le Maroc dans le top 3

L’Office européen des statistiques (Eurostat) a publié son dernier rapport sur la délivrance des premiers titres de séjour en 2024. Les données, très attendues, placent l’Algérie à la 22ᵉ place… Lire Plus