Dans un contexte de relations déjà tendues entre la France et l’Algérie, le président Emmanuel Macron a choisi la voie de l’apaisement concernant l’affaire Boualem Sansal. S’exprimant jeudi à Bruxelles à l’issue d’un sommet européen, le chef d’État français a souhaité une “issue rapide” au procès de l’écrivain franco-algérien et a espéré qu’il puisse “retrouver sa liberté”.
Face aux réquisitions sévères du parquet de Dar El Beïda, qui a demandé dix ans de prison ferme contre l’auteur, Macron a adopté un ton diplomatique, mais ferme. “Ce qui s’est passé est très grave”, a-t-il d’abord reconnu, avant d’ajouter qu’il avait “confiance dans le président Abdelmajid Tebboune et sa clairvoyance pour savoir que tout ça n’est pas sérieux et qu’on a affaire à un grand écrivain, qui plus est malade”.
Ainsi, d’un côté, Macron signale la gravité de la situation et son soutien implicite à l’écrivain, de l’autre, il tend la main au président Tebboune en faisant appel à sa “clairvoyance”, évitant ainsi toute confrontation directe avec Alger.
En qualifiant Sansal de “grand écrivain” et en rappelant son état de santé, le président français semble vouloir déplacer le débat du terrain politique vers des considérations humanitaires et culturelles, une approche qui pourrait offrir une porte de sortie aux autorités algériennes sans perdre la face.
Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de 75 ans, est incarcéré depuis le 16 novembre dernier à Alger. Le parquet de Dar El Beïda a requis jeudi dix ans de prison ferme à son encontre. L’écrivain est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, notamment “atteinte à l’unité nationale”, “outrage à corps constitué”, “pratiques de nature à nuire à l’économie nationale” et “détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays”. Le tribunal correctionnel de Dar El Beida rendra son jugement le 27 mars prochain.