4,6 milliards de dollars. C’est le montant atteint par les échanges commerciaux entre l’Algérie et les autres pays africains en 2023, affichant une progression remarquable de 18% par rapport à l’année précédente. Cette dynamique s’inscrit dans une tendance de fond avec une hausse de 38% par rapport à 2021 et de 88% par rapport à 2020.
Malgré cette croissance encourageante, le commerce intra-africain demeure largement sous-exploité. Représentant moins de 15% du commerce total du continent selon la Banque africaine de développement, il reste loin derrière l’intégration commerciale observée en Europe (72%) ou en Asie (58%).
Pour l’Algérie, ce constat est d’autant plus frappant que ses relations commerciales traditionnelles restent majoritairement orientées vers l’Europe et, dans une moindre mesure, l’Asie. La nécessité de diversifier une économie encore fortement dépendante des hydrocarbures pousse aujourd’hui les autorités à intensifier leurs efforts vers le marché africain.
L’AFIC11 : Catalyseur des ambitions africaines de l’Algérie
C’est dans ce contexte que s’inscrit la 11e édition du Forum africain de l’investissement et du commerce (AFIC11), qui se tient actuellement à Alger jusqu’à demain. Placé sous le thème « Intégration et prospérité africaine », cet événement constitue une vitrine stratégique des ambitions algériennes en matière d’intégration économique continentale.
Selon Mohamed Amine Boutalbi, président du Centre arabo-africain d’investissement et de développement (CAAID) et commissaire de l’AFIC11, l’objectif est de parvenir à la signature de 120 accords de partenariat durant ces deux jours. L’ampleur de l’événement témoigne de cette ambition, avec des représentants de 43 pays africains, dont plusieurs ministres, et environ 1.000 personnalités économiques.
4,6 milliards USD d’échanges : Le panorama commercial algéro-africain
La structure actuelle des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Afrique révèle une balance légèrement excédentaire pour l’Algérie. Les exportations algériennes vers le continent africain ont atteint 2,7 milliards de dollars en 2023, tandis que les importations se sont élevées à 1,87 milliard de dollars durant la même période.
Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’Afrique demeurent relativement modestes avec environ 705 millions de dollars, mais leur composition témoigne d’une certaine diversification. Elles comprennent principalement du ciment, du sucre, des barres de fer, des engrais, du papier, des dattes, du verre et des carreaux. Bien que limitée, cette diversification constitue un signal encourageant pour l’économie algérienne en quête d’alternatives aux hydrocarbures.
Sur le plan géographique, les échanges commerciaux restent concentrés autour de quelques partenaires privilégiés. La Tunisie s’impose comme le premier partenaire commercial africain de l’Algérie, captant une large part des exportations algériennes avec 1,4 milliard de dollars, pour des échanges bilatéraux totalisant 1,7 milliard de dollars en 2023. L’Afrique du Sud et l’Égypte complètent le trio de tête des destinations des exportations algériennes. Dans l’autre sens, l’Égypte et la Mauritanie figurent comme les principaux fournisseurs africains de l’Algérie.
Le secteur énergétique : fer de lance de la coopération
Un des axes prioritaires mis en avant lors de l’AFIC11 concerne le secteur énergétique, domaine d’expertise historique de l’Algérie. Mourad Adjal, PDG du groupe Sonelgaz, a souligné la volonté de l’entreprise de partager son expérience avec d’autres pays du continent.
Cette orientation prend tout son sens dans un contexte où, selon l’Agence internationale de l’énergie, environ 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. La récente distinction reçue par Sonelgaz – le « Prix du développement en Afrique » décerné par le CAAID – témoigne de la reconnaissance continentale de cette expertise algérienne.
Au-delà de l’électricité, le savoir-faire algérien dans les hydrocarbures pourrait également bénéficier à de nombreux pays africains en phase de développement de leurs ressources énergétiques. Cette coopération sud-sud dans le domaine énergétique s’inscrit parfaitement dans la vision d’une intégration africaine fondée sur la complémentarité des économies.
De la ZLECAf à l’IATF2025 : Les leviers de l’intégration commerciale africaine
L’AFIC11 s’inscrit dans une série d’initiatives visant à renforcer structurellement la présence économique algérienne en Afrique. L’Algérie mise particulièrement sur la ZLECAf, dont elle est membre fondateur, pour stimuler ses échanges intra-africains et bénéficier de la création progressive d’un marché continental unifié.
Des efforts sont également déployés pour améliorer la logistique et la connectivité, notamment à travers le Système collaboratif de garantie de transit en Afrique soutenu par Afreximbank. Cette initiative vise à fluidifier le commerce transfrontalier en facilitant le transit des marchandises.
Le forum AFIC11 préfigure également un événement d’envergure internationale : la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF2025) prévue en septembre 2025 à Alger. Les organisateurs anticipent pour cet événement la participation de 144 pays et des transactions potentielles atteignant 44 milliards USD, un objectif ambitieux qui témoigne de la volonté algérienne de s’imposer comme une plaque tournante du commerce intra-africain.