En quête de nouveaux relais de croissance, l’OPEP intensifie son ancrage en Afrique. Avec près de 120 milliards de barils de réserves encore inexploitées, le continent devient le pivot d’une stratégie offensive, illustrée par la présence de son secrétaire général, Haitham Al-Ghais, à la Semaine africaine de l’énergie 2025 au Cap.
L’intervention d’Haitham Al-Ghais au Cap n’a rien d’anecdotique. Dans un communiqué relayé par Energy Platform, le secrétaire général de l’OPEP annonce vouloir accélérer l’intégration de l’Afrique dans les flux énergétiques mondiaux. L’objectif vise à mobiliser les investissements dans les infrastructures pétrolières et gazières du continent.
Cette opération séduction s’inscrit dans une logique d’expansion territoriale de l’OPEP, qui cherche à élargir sa sphère d’influence face à la concurrence américaine et chinoise grandissante sur le continent noir. L’organisation pétrolière mise sur les « énormes potentiels inexploités » africains pour sécuriser son avenir dans un contexte de transition énergétique mondiale.
120 milliards de barils dans le viseur
L’Afrique détient près de 120 milliards de barils de réserves, soit le troisième réservoir mondial après le Moyen-Orient et l’Amérique latine. À Abuja, lors du Sommet international de l’énergie de février 2025, Al-Ghais avait déjà tracé la feuille de route : faire de la production africaine un pilier central de la stabilisation des marchés mondiaux, dans un contexte de déclin progressif des gisements matures et de pressions croissantes liées au climat.
Pour l’OPEP, l’équation est simple : sécuriser son avenir sur un continent où les gouvernances fragiles et les besoins de capitaux ouvrent la voie à des partenariats asymétriques.
La Namibie, tête de pont de l’expansion
La Namibie est devenue le terrain d’expérimentation idéal. Avec les découvertes offshore de Shell et TotalEnergies, ce pays d’Afrique australe attire un flot d’investisseurs. L’OPEP propose un package complet : financement, formation des cadres locaux, transfert technologique. Ce dispositif de soft power pétrolier répond autant à une logique de sécurisation des ressources qu’à une stratégie d’influence. Car derrière l’argumentaire de “retombées durables pour les populations africaines” se profile une dépendance accrue à l’OPEP pour les pays producteurs émergents.
L’Algérie, acteur incontournable
Si la Namibie incarne l’avenir, l’Algérie demeure le socle historique. Membre de l’OPEP depuis 1969, producteur majeur en Afrique du Nord, elle occupe une place centrale dans les équilibres pétroliers et gaziers du continent. Son implication à l’AEW 2025 traduit une volonté d’affirmer son rôle diplomatique tout en consolidant ses partenariats énergétiques.
L’Algérie cherche à tirer parti de cette plateforme pour attirer des capitaux, renforcer sa coopération avec les autres producteurs africains et défendre sa souveraineté énergétique dans un contexte mondial de transition forcée.
L’ironie de la situation n’échappe à personne : pendant que le monde parle transition énergétique et décarbonation, l’OPEP pousse ses pions en Afrique avec un discours sur « l’économie bas carbone ». Une rhétorique qui ne trompe guère sur les véritables intentions de l’organisation.