La Banque mondiale appelle l’Algérie à transformer ses pratiques d’irrigation pour faire face au réchauffement climatique. Dans son rapport sur l’économie algérienne publié le 4 décembre 2024, l’institution financière internationale place la gestion de l’eau au centre de ses recommandations pour sécuriser la production agricole.
Le secteur affiche pourtant des performances encourageantes. La valeur ajoutée agricole a progressé de 3 % en 2023, de 5,3 % en 2024, puis de 6,1 % au premier trimestre 2025. L’agriculture contribue ainsi à la reprise de l’activité hors hydrocarbures, aux côtés de certains services.
Mais cette croissance repose sur un équilibre fragile. La campagne 2024-2025 l’a démontré. Dans les wilayas de l’Ouest, les précipitations sont restées largement sous la moyenne, pénalisant les rendements. À l’Est et sur les zones côtières humides, seules des pluies tardives au printemps ont sauvé une partie des récoltes. Le rapport cite les données de l’USDA et de la FAO, qui confirment ce rattrapage de dernière minute pour les céréales de 2025.
La Banque mondiale documente la dégradation progressive du climat algérien. Les précipitations moyennes annuelles ont chuté de près de 30 % en vingt ans, passant de 87 mm sur 2005-2009 à 60 mm entre 2020 et 2024. Parallèlement, les températures moyennes annuelles sont passées de 23,1 °C jusqu’aux années 1980 à 24,2 °C dans les années 2010, et les épisodes de chaleur extrême se multiplient.
Cette évolution réduit l’accès des cultures à l’eau nécessaire à leur développement, malgré les efforts menés sur le dessalement et le traitement des eaux usées. Les zones les plus touchées sont le Nord-Ouest et les Hautes Plaines, où vivent de nombreux ménages qui dépendent directement de l’agriculture.
Irrigation, eaux usées et nouvelles cultures
Face à ce constat, l’institution internationale formule plusieurs recommandations. Elle insiste d’abord sur la modernisation des systèmes d’irrigation existants pour améliorer l’efficience hydrique. Les techniques actuelles génèrent des pertes importantes que des équipements plus performants pourraient réduire. Produire autant, voire davantage, avec moins d’eau devient la priorité.
Le rapport préconise ensuite de développer la réutilisation des eaux usées traitées dans l’agriculture. Cette ressource alternative, encore sous-exploitée en Algérie, pourrait compenser en partie la baisse des précipitations. Plusieurs pays méditerranéens ont déjà engagé cette voie avec des résultats probants.
L’institution recommande enfin d’introduire des cultures plus résistantes à la sécheresse. Cette adaptation agronomique permettrait de maintenir des rendements acceptables même lors des années déficitaires en pluie.
Ces ajustements visent à stabiliser les rendements pour limiter la dépendance aux importations de céréales, déjà importante, et à protéger les revenus des ménages ruraux particulièrement vulnérables aux chocs climatiques.
La Banque mondiale ne chiffre pas le coût de ces adaptations, mais souligne leur nécessité à moyen terme. Sans ces transformations, les performances récentes du secteur risquent de s’éroder progressivement, avec des conséquences sur la sécurité alimentaire et la stabilité sociale dans les zones rurales.