Akram Khrief, directeur fondateur de Menadefense (Media spécialisé dans les questions militaires), expose dans cet entretien les raisons pour lesquelles la justice malienne ne peut pas à mener d’enquête sur le drone abattu par l’armée algérienne.
Les autorités maliennes reviennent à la charge en annonçant aujourd’hui, l’ouverture d’une enquête judiciaire pour «actes de terrorisme »… pourquoi cette escalade au lieu de chercher une solution avec les autorités algérienne ?
Les autorités maliennes ont besoin de justifier vis à vis de leur population la perte du drone et les agissements de l’armée. Ouvrir des enquêtes permet de gagner du temps et maintenir la mobilisation et enfin de diluer l’effet de la catastrophe sur le moral des troupes. La junte au pouvoir a besoin de créer l’union au mali et faire taire les voix d’opposition
Ils n’y a donc, aucune enquête ouverte réellement ?
Si, l’enquête est ouverte. Mais elle est caduque en l’absence d’accès au site du crash à l’épave et à l’enregistreur de vol. Elle se limite uniquement aux données de communication entre le drone et la station au sol qui sont des données partielles
Vous avez démenti lors de vos récentes interventions sur le sujet, les arguments techniques avances par la partie malienne. Vous attendez vous à une réaction algérienne pour démontrer le contraire ?
Le communiqué du ministère des affaires étrangères affirme qu’il est possible d’accéder aux données relatives à l’incident dans la base de données du ministère de la défense nationale.
J’ignore comment, mais je pense que c’est une invitation aux officiels maliens à le demander par les voies diplomatiques, cela a été dit publiquement c’est donc officiel.
Mais que les canaux diplomatiques sont coupés entre les deux pays ?
Non au contraire, je crois que c’est une invitation claire du ministère des affaires étrangères à reprendre des contacts normaux
Vous vous attendez à une reprise des contacts normaux rapidement ?
Normalement oui il n’y a pas de raison pour que l’escalade continue
Pourtant nous assistons à des manifestations devant l’ambassade d’Algérie à Bamako. Ça nous rappelle le scénario de l’ambassade de France. N n’est-ce pas ?
C’est normal, et je reviens à ma première réponse, à savoir que la junte au Mali a besoin de crises et d’ennemis pour réduire les voix de l’opposition et justifier son interdiction. On a besoin aussi de faire oublier La fragilité du régime face à la vraie menace terroriste qui se trouve dans le centre du pays et les exactions commises par les militaires contre les civils au nord. Vous remarquerez que cette crise permet de faire oublier la mise sous tutelle par Moscou ou Wagner de la junte malienne.