Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, est convoqué le 10 décembre devant le Congrès des députés (Congreso de los Diputados) pour s’expliquer sur la politique du gouvernement espagnol vis‑à‑vis du Sahara Occidental. Cette décision met en lumière les tensions au sein de la coalition dirigée par Pedro Sánchez et les critiques de certains alliés de gauche.
Une pression inédite sur Albares
L’initiative de convoquer Albares provient de plusieurs groupes parlementaires, notamment ERC (Gauche républicaine de Catalogne / Esquerra Republicana de Catalunya), EH Bildu et le BNG (Bloc nationaliste galicien / Bloque Nacionalista Galego). Ils demandent que le ministre clarifie la position du gouvernement sur les résolutions de l’ONU concernant le Sahara Occidental ainsi que sur le rôle des nouveaux centres de détention de migrants en Mauritanie.
Le soutien conjoint du PP (Partido Popular / Parti populaire) et de Sumar (regroupement de partis de gauche, dont Izquierda Unida et Podemos) pour cette convocation est significatif : ces partis idéologiquement opposés s’accordent pour critiquer le virage diplomatique du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol / Partido Socialista Obrero Español).
Des alliés dénoncent un ‘’giro traicionero’’ (virage traître)
Depuis plusieurs mois, Sumar, IU (Izquierda Unida / Gauche unie) et Podemos (parti de gauche radicale) critiquent la posture d’Albares. Ils reprochent une opacité du ministre, notamment après une réunion avec son homologue marocain Nasser Bourita tenue en secret et sans communication officielle. Pour ces partis, le plan d’autonomie proposé par Rabat viole le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et s’écarte des résolutions de l’ONU. Eva García Sempere, d’Izquierda Unida, a dénoncé un projet unilatéral, tandis que Pablo Fernández, de Podemos, parle d’une dette de l’Espagne envers le peuple sahraoui.
Lara Hernández, coordinatrice générale de Sumar, critique ouvertement le PSOE pour avoir rompu le consensus historique sur le Sahara et parle de déslealtad (déloyauté) envers ses alliés de coalition.
Cette convocation marque une mise sous pression du ministre des Affaires étrangères et illustre une fracture profonde dans la coalition entre la posture pragmatique du PSOE et les alliés de gauche exigeant le respect du droit international. Le PP (droite) saisit également cette opportunité pour remettre en cause la cohérence du gouvernement, tandis que Sumar pousse le débat au Parlement pour forcer l’exécutif à clarifier sa position sur le Sahara Occidental.
La convocation d’Albares au Congrès le 10 décembre cristallise les désaccords internes sur le Sahara Occidental. Pour Sumar, IU et Podemos, le gouvernement a rompu avec des principes fondateurs ; pour le PSOE, il s’agit d’un choix stratégique. Cette session parlementaire promet d’être agitée et devrait mettre à l’épreuve la cohésion du gouvernement de Pedro Sánchez.





