La France se livre à un « chantage aux visas ». L’Algérie a réagi vivement mercredi au communiqué diffusé hier par l’ambassade de France, annonçant une réduction de l’octroi de visas aux Algériens en raison d’un manque d’effectifs, imputé par Paris au refus de l’Algérie d’accréditer certains agents consulaires.
Alger, qui a convoqué le chargé d’affaires de France au siège du ministère par le directeur général du Protocole, a dénoncé un chantage, soulignant « qu’il est de notoriété publique que Paris a érigé cette problématique en levier central du bras de fer qu’il veut imposer à l’Algérie ».
« La première phase de ce chantage s’est achevée avec la dénonciation par l’Algérie de l’Accord algéro-français de 2013 sur l’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Aujourd’hui, les autorités françaises ouvrent une seconde phase qui concerne les passeports ordinaires, qu’elles entendent gérer par le chantage, le marchandage et l’intimidation », dénonce le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Les autorités algériennes n’ont guère apprécié la déclaration publiée la veille par l’ambassade de France à Alger, qu’elles jugent « contraire aux usages et pratiques diplomatiques ». Selon elles, il s’agit d’une manœuvre destinée à présenter une « fausse réalité » à l’opinion publique algérienne. Le communiqué souligne que c’est la France qui bloque depuis plus de six mois l’accréditation de trois consuls généraux, six consuls et 46 agents diplomatiques et consulaires algériens en France, paralysant de facto une partie du réseau consulaire chargé d’accompagner la communauté algérienne établie dans l’Hexagone.
Pression sur la diaspora algérienne
« Cette situation, délibérée et calculée, affecte la qualité des services consulaires rendus à nos ressortissants », martèle le ministère, qui affirme que Paris exerce une pression directe sur la diaspora algérienne.
Dans son communiqué, l’ambassade de France a expliqué que la non-délivrance des accréditations par les autorités algériennes l’a contrainte à réduire la présence de son personnel diplomatique et consulaire en Algérie. Elle indiquait que cette situation se traduirait par une réduction du nombre de visas délivrés, le prestataire Capago n’étant plus en mesure d’assurer le même volume de rendez-vous.
Cette nouvelle péripétie s’inscrit dans le cadre d’une dégradation continue des relations entre les deux pays. Il est en effet inhabituel que l’ambassade de France communique directement aux Algériens pour expliquer les raisons d’une réduction du nombre de visas, ce qui explique la réplique cinglante d’Alger, accusant la France de transformer les visas en instrument de chantage diplomatique.