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Alger croit en Trump, mais ce n’est pas réciproque  (dixit Renaud)

Par Maghreb Émergent 8 avril 2025

Cette chronique existe depuis 2005 et a commenté au moins deux grands chocs de l’économie mondiale : la crise des Subprimes partie des États-Unis en 2007-2008 et celle, souveraine de la zone Euro, conséquence de la première en 2012-2013. Il n’y a rien de plus faux que d’affirmer que l’Algérie, faiblement connectée aux marchés financiers extérieurs, est à l’abri de ses « soubresauts ».

A chaque crise boursière ou de la dette souveraine importante finit par succéder une contraction de l’activité économique. À chaque fois, elle retentit sur les cours des matières premières et de l’énergie. Le pétrole et le gaz en premiers. Cette fois, le prix du brut baisse par anticipation de la récession qui menace à l’échéance des douze mois.

À l’approche du plancher budgétaire des 60 dollars le baril, les choses deviennent sérieuses pour le trésor public en face à deux déficits records en 2024 (9,3%) et en 2025 (8,6% prévisionnel). À la baguette de ce scénario du pire, une administration, celle de Donald Trump, qu’Alger a choisi de continuer à caresser dans le sens du poil en dépit du bon sens.

Réécouter pour s’en convaincre les propos du président Tebboune dans son dernier entretien de presse télévisé. Pourtant, la charge préjudiciable à l’économie algérienne, à son équilibre social et à sa diplomatie n’était pas difficile à entrevoir dans la trajectoire politique du Milliardaire d’extrême droite qui dirige les États-Unis. Même cette chronique s’en est alarmée dans un de ses premiers numéros de reprise. Le fait est là désormais. Il est toujours possible d’arguer que dans les exportations algériennes vers les États-Unis n’ont fait que baisser depuis le pic de 2018, il reste que la partie visée par la surtaxe de 30% réservée à l’Algérie par l’administration Trump est devenue appréciable depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février  2022.  

Entre les engrais, les produits sidérurgiques, le ciment et les matériaux de construction la barre des  500 millions de dollars à l’exportation a été dépassée en hors hydrocarbures en 2023. La surtaxe de 30% est un préjudice réel à l’effort de la diversification sur le marché solvable le plus grand du monde. La réponse algérienne est attendue. Même symbolique, elle sera toujours plus compréhensible et plus conforme au discours hyper-patriotique ambiant que la politique de l’autruche en vigueur depuis novembre dernier.    

Mais peut-être que les autorités d’Alger sont plus ingénieuses qu’il n’y parait … Et qu’elles ne veulent tout simplement pas se mettre à dos une administration américaine impérialo-restauratrice qu’elles jugent perdue d’avance. Une affaire de temps. Pari pas tout à fait insensé.

L’histoire économique enseigne que la prospérité américaine marche, au moins depuis la contre-révolution conservatrice de Reagan, sur deux axiomes. Des importations à bon marché qui concourent à contenir durablement les couts du travail et la financiarisation maximale de l’Epargne des ménages, y compris celle des retraites avec les fonds de pension pour capitaliser en bourse l’expansion des entreprises.

Le produit chinois et le SP 500 sont donc devenus les biberons du capitalisme américain. Le premier achète la paix sociale, le second démocratise l’illusion de l’enrichissement par simple valorisation boursière. Pour engager la réindustrialisation du pays dans les deux ans, c’est contre ces deux piliers du capitalisme américain que Donald Trump a jeté sa boule pour faire un strike dont on ne sait plus s’il était prévu dans son ampleur.

La surtaxe de « Liberation Day » a fait plonger Wall Street ou 40% des Américains détiennent des actions. Pas besoin d’attendre l’inflation qui se profile, les mesures de riposte du reste du monde et l’épisode récessif que le prix du pétrole a déjà anticipé. Les marchés ont voté contre la guerre commerciale. Le noyau dur du capitalisme américain est libre-échangiste et mondialiste. Ses intérêts ne sont pas dans le protectionnisme isolationniste de Donald Trump. Les voix de la discorde sont déjà à la Maison Blanche.

Le président du conseil économique a fait ralentir la chute des cours à la mi-journée en évoquant un possible moratoire de 90 jours pour l’application de la surtaxe pour tous les pays, sauf pour la Chine. Aussitôt démenti dans l’entourage du président. Elon Musk a vu son titre Tesla perdre 120 milliards de capitalisations sur la seule journée du lundi 07 avril, et la moitié de sa valeur partir en fumée depuis 3 mois. Il a publiquement pris le contre-pied du protectionnisme présidentiel en appelant à une zone commerciale à taux nul entre les États-Unis et l’Union européenne.

Trump va-t-il tenir sans fléchir jusqu’à l’arrivée des effets escomptés ? Des investisseurs étrangers qui se bousculent à la porte, des États qui renégocient à la chaîne les tarifs douaniers avec les États-Unis,  des prix de l’énergie et du carburant qui baissent durablement.  Cela va se jouer dans le courant de la semaine. Le Krack boursier se met en place et s’il se poursuit, l’agenda deviendra celui d’une crise américaine puis mondiale. Comme de coutume.

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