L’Algérie veut transformer davantage son pétrole sur place. L’objectif est de porter le taux de conversion de la production primaire d’hydrocarbures à 50% à moyen terme, contre 32% actuellement. Autrement dit, raffiner plus de brut localement pour produire des carburants et des produits finis plutôt que de les exporter tels quels.
Cette ambition en matière de raffinage s’inscrit dans une stratégie plus large dévoilée samedi par Mohamed Arkab, ministre d’État chargé des Hydrocarbures et des Mines. Devant la Commission des finances de l’Assemblée populaire nationale, il a annoncé le lancement d’un nouvel appel d’offres pour l’exploration d’hydrocarbures dès début 2026.
L’initiative fait suite au succès de l’Algeria Bid Round 2024, le premier du genre sous la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui avait permis de signer cinq contrats avec de grandes compagnies internationales. Le gouvernement entend capitaliser sur cette dynamique pour attirer de nouveaux partenaires et renforcer l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’exploration jusqu’au raffinage.
Une approche sur trois fronts
Le nouvel appel d’offres vise d’abord à découvrir de nouveaux gisements pour augmenter les réserves nationales. Mais l’Algérie ne compte pas se limiter à l’extraction. Le raffinage constitue le deuxième pilier de cette stratégie, avec plusieurs projets concrets en cours.
Une nouvelle raffinerie de cinq millions de tonnes par an va voir le jour à Hassi Messaoud. À Skikda, une unité de craquage du fuel est en construction. À Arzew, un projet de conversion du naphta doit permettre de produire plus de carburants. Pour certains de ces projets, le pays recherche encore des partenaires. Dans ce sillage, le ministre a souligné le nouveau cadre réglementaire, qu’il juge plus moderne et flexible, comme un atout majeur pour séduire les investisseurs.
Troisième volet de la stratégie, la pétrochimie. Sonatrach poursuit plusieurs chantiers importants. Deux complexes de production de polypropylène sont en construction, l’un à Arzew et l’autre en Turquie. Un troisième complexe, dédié à l’alkylbenzène linéaire pour l’industrie des détergents, est en cours à Skikda. Le taux d’avancement global de ces projets atteint près de 40%.
Les mines complètent le tableau
Le secteur minier vient compléter le dispositif de diversification. Trois grands projets structurants avancent avec des partenaires étrangers : la mine de fer de Gara Djebilet à Tindouf, le projet intégré de phosphate entre Tébessa et Souk Ahras, et l’exploitation de zinc-plomb d’Oued Amizour-Tala Hamza à Bejaïa.
De nouvelles usines vont bientôt entrer en production dans la dolomie, la barytine et la diatomite. Un programme de recherche et d’exploration comprenant 26 projets répartis sur 17 wilayas est en cours pour étendre la carte géologique du pays.
Côté production, les chiffres progressent. Le fer, le carbonate de calcium, la barytine et la dolomite enregistrent une hausse grâce aux nouvelles installations d’El Khroub, Oggaz, Aïn Barbar et Hammam Boughrara. Le phosphate commence aussi à peser. Au premier semestre 2025, l’Algérie en a exporté environ 900 000 tonnes pour plus de 80 millions de dollars.
Sur le plan opérationnel, la production commercialisée d’hydrocarbures s’établissait autour de 128 millions de tonnes équivalent pétrole à fin septembre, soutenue par une hausse du pétrole brut.
La consommation locale de produits pétroliers affiche quant à elle une nette progression. Elle a atteint près de 15 millions de tonnes depuis le début de l’année, tirée notamment par le diesel, l’essence et le GPL. Cette hausse reflète une activité économique soutenue. Le secteur emploie désormais environ 200 000 personnes, soit 9 000 emplois directs supplémentaires par rapport à la même période en 2024.
Pour rappel,le budget 2026 du secteur s’élève à environ 129 milliards de dinars. Une part importante, 62,8 milliards de dinars, est destinée au raccordement en électricité et en gaz du projet Gara Djebilet reliant Tindouf et Bechar. Le reste, 63,2 milliards de dinars, ira au programme de dessalement de l’eau de mer. La fiscalité pétrolière est estimée à 2 698 milliards de dinars, calculée sur la base d’un prix de référence du baril à 60 dollars.
Le ministre a également évoqué les engagements du pays en matière climatique. Une étude a été lancée pour développer localement un carburant durable pour l’aviation, conforme aux normes internationales, afin de réduire l’empreinte carbone du secteur aérien.





