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Algérie : bac et coupure de l’Internet ou le retour à l’âge de pierre

Par Maghreb Émergent 20 juin 2016

La décision des autorités de couper l’Internet pour éviter de nouvelles fuites de sujets du bac a été perçue par la quasi-totalité de la presse comme une mesure inique et contreproductive.

 

Une mesure qui n’a fait, regrette-t-on, que causer des ennuis aux entreprises et aux institutions alors que les jeunes Algériens, tout particulièrement ceux concernés par la session partielle du bac, ont continué à surfer allègrement sur la Toile en contournant cette mesure par le recours notamment à l’application VPN.

La liberté d’expression ne figure pas sur l’agenda du gouvernement

«Coupure de l’Internet pour cacher l’échec de l’organisation..le baccalauréat fait reculer l’Algérie à ‘’l’âge de pierre’’», titre El Kahbar, pour qui cette mesure montre que «la liberté d’expression, et l’Internet en est un des espaces importants, ne figure pas sur l’agenda d’un gouvernement qui a placé tout le pays dans un centre d’examen». 

Le journal qui consacre plusieurs articles au sujet considère qu’il s’agit d’une «’’punition collective’’ à cause du baccalauréat», et écrit qu’«en raison du lien entre l’Internet et la liberté d’expression, conformément aux chartes internationales..l’Algérie viole le droit international en bloquant les réseaux sociaux». Dans un autre article sous le titre «à cause de la coupure..les entreprises de l’Ouest du pays paralysées», le journal affirme que cette situation qui a affecté «toutes les wilayas de l’ouest du pays», a fait que «de nombreuses opérations bancaires telles que les retraits, transferts étaient gelées», ajoutant que les responsables de ces organismes financiers ont toutefois «refusé de faire des déclarations à la presse sur l’étendue des dommages subis».

«Facebook, Twitter, Skype…bloqués durant le bac..l’Algérie déconnectée», titre Le Temps, qui écrit que c’est «une première en Algérie. (…) l’accès aux réseaux sociaux a été bloqué ‘’sans préavis’’ par les autorités, depuis samedi soir». Dans un autre article sous le titre «les internautes indignés», le journal souligne qu’il s’agit d’un «fait inédit. Aucun autre Etat n’a décidé de couper le réseau d’Internet pour une telle raison. L’Algérie l’a fait (…). Hier sur les réseaux sociaux, ils (les internautes) foudroyaient les autorités qui ont pris cette décision».

Facile de couper la connexion lorsque le réseau est sous le monopole de l’Etat

Le Quotidien d’Oran titre, quant à lui, à la une «une coupure et beaucoup de désagréments..le bac déconnecte l’Algérie». Tout en rappelant que les responsables du secteur des PTIC «avaient rassuré la veille que la coupure ne concernera que les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter», le journal note qu’«outre les nombreux désagréments et les répercussions incalculables sur toutes les activités économiques, sociales et commerciales du pays, cette coupure soulève de sérieuses interrogations sur les motivations réelles des hautes sphères du pouvoir». Puisque les autorités ont annoncé que les mis en cause dans la fuite de sujets ont été «arrêtés et présentés devant les instances judiciaires compétentes (…)  pourquoi alors couper la connexion?», s’interroge le journal pour qui «cette mesure radicale montre à quel point il est aisé de couper la connexion lorsque le réseau est sous le monopole de l’Etat».

«Le réseau internet perturbé..couvre-feu virtuel pour le bac», titre à la une El Watan, qui se demande dans un article en page deux «alors, ils feraient quoi en cas de cyberattaque?». «Même si, officiellement, il ne s’agit pas d’une coupure générale d’internet, il n’empêche que pendant plusieurs heures, le débit était anormalement lent (…) ces perturbations n’ont pas manqué de troubler le fonctionnement de certains prestataires de services».

Le recours à des plateformes étrangères qui recueillent des données pose un problème de sécurité

Dans un autre article, le journal donne la parole à Younes Grar, un observateur de l’évolution des TIC, qui relève que «ce n’est pas la première coupure que connaît le pays, mais cette fois-ci, pour la première fois, elle a été volontaire. C’est grave, puisqu’elle a poussé les Algériens à utiliser des plateformes étrangères qui ont récupéré plusieurs données et pose ainsi un problème de sécurité». «Il y a des entreprises qui travaillent avec internet, plusieurs industries en ont besoin car le mail est un outil de production, certaines reçoivent même des bons de commande parc ce biais. Cette solution classique et radicale va gêner l’économie du pays», a-t-il soutenu.

 Liberté qui titre «la connexion a été coupée hier pour éviter les fuites de sujets du bac.. Internet: le black-out», s’interroge «le blocage, même temporaire, de l’accès aux réseaux sociaux peut-il constituer le remède idoine à une fuite généralisée des sujets de l’examen alors que le scandale a surgi de l’intérieur même du corps éducatif national?».

Une solution de facilité qui, ailleurs, aurait fait scandale

Dans un autre article sous le titre «il permet de passer outre les restrictions d’internet.. le VPN met à mal le plan ‘’anti-fraude’’ de Benghebrit», le journal écrit «la coupure générale du réseau Internet (fixe et mobile) a causé d’innombrables désagréments aux internautes algériens (…) néanmoins, ceci n’a pas entamé le moral ni l’ingéniosité des internautes à faire voler en éclats la ‘’censure’’ du web, imposée par le gouvernement». Dans son éditorial, le journal considère que cette décision est «une solution de facilité qui, ailleurs, aurait fait scandale. Car non seulement elle constitue une atteinte aux libertés des citoyens mais elle est également dommageable pour les institutions, administrations et entreprises».

La coupure de l’accès au réseau internet ainsi que le démantèlement d’un réseau transnational de trafic de drogue constitué de 5 femmes originaires de Tunisie qui ont introduit sur le sol algérien 5,7 kg de cocaïne pure, soit l’équivalent de 570 kg de cocaïne traitée destinée à la consommation, ont relégué au second plan les autres sujets d’actualité y compris l’installation ce lundi par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de l’autorité de régulation de l’audiovisuel.

Seul le journal étatique El Moudjahid a cru bon consacrer sa une à ce sujet en titrant «autorité de régulation de l’audiovisuel..garantir le pluralisme et la créativité dans le respect des lois».

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