Le PDG de Sonarem, Belkacem Soltani, a reçu une délégation de la société chinoise MCC, dirigée par Jia Ningchuan, pour discuter de la coopération dans le développement des gisements de minerai de fer de Gara Djebilet, notamment sur le traitement du minerai et la réduction du taux de phosphore. Soltani a souligné l’importance d’utiliser des méthodes modernes de traitement et d’accélérer les essais techniques via la création de groupes de travail algéro-chinois.
Cependant, l’expert algérien Si Ahmed Menad s’interroge sur la rentabilité réelle du projet, en raison des coûts élevés de réduction du phosphore et du transport, ces deux paramètres ayant freiné le projet depuis l’époque coloniale. « Entre les coûts de réduction du phosphore et ceux du transport (deux paramètres qui avaient empêché le projet depuis la colonisation à ce jour) que restera comme rentabilité du projet ? » déclare-t-il à Maghreb Émergent. Selon lui, « nous avons besoin d’avoir tous les éclaircissements sur cette affaire qui ressemble de plus en plus à un mauvais vaudeville ».
La teneur élevée en phosphore dans le minerai est aujourd’hui la contrainte la plus critique. Le minerai oolithique de Gara Djebilet présente un taux de phosphore avoisinant les 0,8%, alors que pour la sidérurgie, ce taux doit être réduit à un seuil proche de 0,03%. Le phosphore altère la qualité de l’acier et nécessite des procédés coûteux et complexes de déphosphoration.
Les technologies modernes combinent plusieurs procédés : séparation magnétique, calcination réductrice, lixiviation et traitements chimiques avancés. Bien que les avancées scientifiques récentes aient permis de franchir des étapes importantes, le coût opérationnel de ces traitements reste un obstacle économique majeur.
Défis économiques et financiers
Le projet nécessite d’importants investissements initiaux dans la recherche, les infrastructures et la montée en puissance industrielle, dans un contexte de forte volatilité des prix mondiaux des matières premières. Le coût de la réduction du phosphore, estimé entre 15 et 20 dollars par tonne, impacte directement la rentabilité.
L’Algérie, bien qu’ayant développé une expertise scientifique locale, doit recourir à des partenariats internationaux, notamment avec la Chine, pour bénéficier d’expertises techniques supplémentaires et d’un soutien industriel solide. Ces coopérations permettent de réduire les risques financiers et d’optimiser les flux technologiques.
Le projet nécessitera un investissement total compris entre 12 et 15 milliards de dollars pour développer les infrastructures minières, les unités de traitement, la logistique et les installations industrielles nécessaires à l’exploitation sur plusieurs années.
Le coût d’exploitation annuel est estimé entre 1 et 1,5 milliard de dollars pour les premières années, avec un retour sur investissement prévu entre 7 et 8 ans à partir du démarrage de la production commerciale.