La tendance baissière des prix du poulet vivant s’accentue, atteignant ces derniers jours des niveaux alarmants. Dans plusieurs régions du pays, notamment à Bouira, Sétif, Tizi-Ouzou, Blida, Ain Defla et Béjaïa, les prix au niveau des élevages ont chuté en dessous de 260 DA le kilogramme, suscitant une vive inquiétude au sein de la filière avicole.
Bien que les consommateurs bénéficient de prix de vente au détail oscillant entre 290 DA et 320 DA le kg, cette situation met les aviculteurs dans une crise sérieuse, avec plusieurs d’entre eux annonçant déjà des faillites imminentes. C’est le cas d’un éleveur du sud-est de la wilaya de Bouira, qui envisage de changer de profession face à l’insoutenabilité de la situation. En effet, le coût de production moyen du poulet, estimé entre 260 DA et 280 DA, dépasse largement le prix de vente en gros, qui peine à atteindre 265 DA dans les meilleures conditions.
Le mécontentement des aviculteurs est palpable face à cette dégringolade des prix, qui les empêche de couvrir leurs dépenses. L’augmentation constante des coûts liés à l’alimentation, à l’entretien et aux soins vétérinaires exacerbe leur précarité économique. La récente flambée des prix des aliments, avec une hausse de 1500 DA par quintal, ne fait qu’aggraver une situation déjà complexe dans un secteur largement dominé par l’informel.
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance à la baisse. La surproduction, entraînant une offre excédant largement la demande sur le marché, est une cause majeure. L’absence de régulation du marché, livré à ses propres dynamiques, amplifie cette problématique.
Un appel urgent au soutien de l’État
Face à cette conjoncture critique, les aviculteurs lancent un cri d’alarme sur les réseaux sociaux, mettant en garde contre un possible effondrement du secteur. Nombre d’entre eux pourraient être contraints de réduire leur activité, voire de la cesser complètement, ce qui engendrerait inévitablement une augmentation du chômage dans les zones rurales, où l’élevage de volaille constitue souvent une source de revenus essentielle.
Pour éviter une crise aux conséquences désastreuses, des mesures urgentes sont nécessaires. « Le gouvernement pourrait intervenir pour stabiliser les prix, soit en régulant la production, soit en apportant une aide financière aux éleveurs en difficulté », suggère un aviculteur de la wilaya de Bouira. Parallèlement, une sensibilisation accrue des consommateurs à la situation des producteurs locaux pourrait encourager la demande. « Des campagnes de promotion du poulet local pourraient inciter à privilégier les produits nationaux, facilitant ainsi l’écoulement de la production », ajoute notre source.
Sans une intervention significative de l’État, le secteur avicole, pilier de l’économie locale et garant de la sécurité alimentaire, risque de subir des dommages irréversibles. L’heure est à l’action pour sauvegarder un maillon essentiel de nos systèmes alimentaires et économiques.