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Maghreb

Algérie- Conférence de l’opposition sur la « transition démocratique »: un consensus précaire

Par Yacine Temlali
11 juin 2014
Le front pour le boycott des présidentielles s’appelle à présent la

Un consensus a minima a réuni mardi à Zéralda des partis et des figures de l’opposition. Entre ceux qui veulent oublier le passé pour construire l’avenir et ceux qui exigent vérité et justice comme préalable à toute discussion d’un projet politique commun, l’amorce d’un processus démocratique ne semble pas être pour demain.

La Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) a réussi à réunir mardi, à l’hôtel Mazafran à Zéralda, un nombre jamais atteint auparavant de formations politiques et de personnalités se revendiquant de l’opposition. Elle a formé un tour de table de 60 personnes de différents courants : laïcs, islamistes, nationalistes et anciens membres du régime tombés en disgrâce et passés à l’opposition.

La CNLTD, née d’un noyau de partis et de personnalités qui avaient appelé au boycott de l’élection présidentielle d’avril dernier, a élargi cette conférence dite d’« entente nationale » aux dirigeants du Front islamique du salut (FIS, dissous), dont la base constitue une force politique qui ne peut être négligée. La présidence du bureau de la conférence a été confiée à l’ancien Chef du gouvernement Ahmed Benbitour, aidé d’un panel de rapporteurs chargés de consigner les interventions et de rédiger les recommandations à soumettre au pouvoir en place afin d’amorcer un processus démocratique en Algérie.

Dans un ordre de préséance établi par Ahmed Benbitour se sont succédé à la tribune, pour la première séance des interventions, Ali Yahia Abdennour, Abderrazak Makri (MSP), Mouloud Hamrouche, Mohcine Belabbas (RCD), Ali Benflis, Saad Abdallah Djaballah (PJD), Abderrahmane Betatache (FFS) et Ali Djeddi (FIS).

 

Mouloud Hamrouche : « Il ne faut pas remuer le passé »

 

Ali Yahia Abdennour a plaidé pour l’enseignement de la langue amazighe afin de préserver, a-t-il expliqué, l’unité du peuple algérien. Abderrezak Makri s’est félicité de voir tous ces courants politiques autour d’une même table. Mohcine Belabbas a insisté sur la responsabilité historique des présents devant le peuple, appelant à saisir l’opportunité pour s’entendre sur un minimum consensuel à même d’amorcer une démarche en vue d’un changement démocratique. Ahmed Betatache s’est réjoui, de son côté, de l’adoption par la CNLTD de la démarche proposée selon lui par son parti il y a une année, à l’issue de son 5e congrès. Mouloud Hamrouche a insisté pour dire que cette réunion était destinée à « construire l’avenir, résoudre les problèmes futurs et non pas ceux du passé ou d’aujourd’hui » ; il a appelé les participants à mettre les rancœurs de côté et à faire les concessions nécessaires à la réussite du consensus à un moment charnière de l’histoire du pays. Abdallah Djaballah a souscrit à l’analyse de Mouloud Hamrouche quant à l’association de l’armée à la solution, non sans exprimer son souhait de voir celle-ci « prendre positivement cette initiative de l’opposition » ; il s’est félicité de la tenue, sur le territoire national, de cette première rencontre du genre, dans un clin d’œil à la plate forme de Sant’Egidio, signé à Rome en 1995 par des partis d’opposition auxquels le régime avait fait grief de s’être réunis à l’étranger. Ali Benflis a rappelé les axes de « son programme présenté aux Algériens lors de l’élection présidentielle d’avril » s’étendant dessus si longuement que le modérateur à dû lui demander de respecter l’ordre du jour de la rencontre.

 

Le FIS préconise l’élection d’une assemblée constituante

 

Ali Djeddi, une des plus importantes figures du FIS, a occupé la place réservée à une autre figure de ce parti, Ali Benhadj, expliquant que celui-ci a préféré ne pas venir afin de ne pas servir de prétexte aux pouvoir pour gâcher la rencontre et qu’il lui a confié à lui la transmission de son message à la conférence. Accompagné de Kameld Guemmazi et d’Abdelkader Boukhemkhem, Ali Djeddi a rendu compte d’un document dans lequel le FIS propose une période de transition de 30 mois et préconise de profiter de la dynamique impulsée par la CNLTD pour aller vers un « Congrès national de redressement » dont émanerait une « commission vérité et justice » qui parachèverait le processus de réconciliation nationale et rétablirait chacun dans ses droits. Ce congrès de redressement, a ajouté Ali Djeddi, préparerait l’élection d’une assemblée constituante qui rédigerait une nouvelle constitution consensuelle.
Il convient de signaler qu’Ahmed Taleb El Ibrahimi s’est excusé de ne pouvoir prendre part à cette rencontre à laquelle il a adressé un message. Idem pour Sid Ahmed Ghozali, qui se trouve actuellement en Allemagne. Said Sadi, lui, n’a pas manqué le rendez-vous ; il a échangé avec les dirigeants du FIS et même avec Mokrane Ait Larbi, co-fondateur du RCD qui jusqu’à récemment n’était pas en odeur de sainteté au sein de ce parti.

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