Le patron du renseignement extérieur français, Nicolas Lerner, a affirmé lundi 10 novembre avoir perçu des “signaux” en provenance d’Algérie traduisant, selon lui, une volonté de reprise du dialogue entre les deux pays après plus d’un an de tensions diplomatiques.
Invité de France Inter, le directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a indiqué que “des signaux” émanaient de la partie algérienne “sur une volonté de reprise du dialogue”. “La France y est prête, la France y a toujours été prête”, a ajouté Nicolas Lerner, tout en rappelant que Paris maintient ses “exigences”, au premier rang desquelles la libération de ses deux compatriotes détenus à Alger : l’écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes.
Boualem Sansal, de nationalité franco-algérienne, a été arrêté fin novembre 2024 à Alger et condamné à cinq ans de prison pour “atteinte à l’unité nationale”. Christophe Gleizes, journaliste français, a quant à lui écopé de sept ans de prison ferme en première instance pour “apologie du terrorisme”. Son procès en appel est prévu pour le 3 décembre.
Une crise diplomatique sans précédent
Les relations franco-algériennes traversent depuis l’été 2024 une période de gel quasi total. La coopération sécuritaire et antiterroriste a atteint, selon Lerner, “un point extrêmement bas”, bien que “les canaux n’aient jamais été complètement coupés”. Il a reconnu que la situation actuelle “n’est dans l’intérêt d’aucun des deux pays”, estimant qu’un retour au dialogue “serait bénéfique à la stabilité commune”.
Cette crise, que Paris qualifie d’ “extrêmement grave, peut-être la plus grave depuis l’indépendance”, s’inscrit, côté algérien, dans un contexte de fermeté revendiquée face à ce qu’Alger considère comme des “ingérences” ou des prises de position unilatérales de la part de la France. Pour les autorités algériennes, la souveraineté nationale et le respect de la justice locale ne sont pas négociables, y compris dans les dossiers touchant à des binationaux. Le différend a ainsi été alimenté par les arrestations de ressortissants français, la suspension de plusieurs canaux de coopération sécuritaire, mais aussi par les désaccords persistants sur les questions mémorielles et migratoires, que l’Algérie souhaite désormais traiter “dans un cadre d’égalité et de réciprocité”.
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