L’annonce imminente de la composition du gouvernement Sébastien Lecornu, attendue dans les prochains jours, marque une étape clé dans la recomposition politique française. Elle intervient après la chute de l’exécutif dirigé par François Bayrou.
Nommé Premier ministre le 9 septembre 2025, Lecornu hérite d’une situation tendue. Il doit à la fois rétablir un équilibre fragile à l’Assemblée nationale et affronter plusieurs dossiers brûlants, au premier rang desquels figure la crise avec l’Algérie.
Depuis 2024, les tensions bilatérales se sont multipliées : Sahara occidental, politiques migratoires, affaires judiciaires, différends sur les accords de 2013 et sur les biens immobiliers de l’ambassade de France à Alger. Autant de points de friction qui font de cette crise un test majeur pour le nouveau chef du gouvernement.
La ligne reste, pour l’heure, dictée par Emmanuel Macron. En août 2025, le président avait adressé à François Bayrou une lettre de fermeté vis-à-vis d’Alger. Ce cap n’a pas changé, et l’incertitude demeure sur un possible infléchissement – voire un durcissement – des relations franco-algériennes.
En janvier dernier, alors ministre des Armées, Sébastien Lecornu affirmait sur France Inter : « On est dans une panne et il faut qu’on arrive à refonder cette relation sans faiblesse, sans naïveté. » Cette position illustre la continuité voulue par l’Élysée, qui a confié les rênes du gouvernement à un proche classé à droite, souvent décrit comme le plus « lepéniste » des macronistes.
Un départ de Retailleau… sans effet ?
Mais la gestion de cette crise extérieure dépend aussi des équilibres internes du futur exécutif. Le nouvel attelage devra composer entre la nécessité d’apaisement et les ambitions individuelles de ses membres, dans un contexte politique instable.
Parmi les figures à surveiller, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur sortant, occupe une place stratégique mais fragile. Il souhaite rester en poste jusqu’à l’été 2026 pour consolider son influence en vue de la présidentielle de 2027. Mais sa reconduction reste incertaine et dépendra de négociations délicates.
Un départ de Retailleau pourrait-il suffire à décrisper la relation avec Alger ? Rien n’est moins sûr. Ses prises de position ont contribué à tendre le climat, et Alger l’a déjà désigné à plusieurs reprises comme responsable de cette crispation. Mais la lettre de Macron à Bayrou, appelant à la fermeté, a rebattu les cartes. In fine, c’est l’Élysée qui décidera du degré d’apaisement dans les prochains mois.
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