Nicolas Sarkozy a appelé à suspendre totalement la délivrance de visas aux ressortissants algériens, tant que les autorités algériennes refusent de reprendre leurs citoyens en situation irrégulière visés par des obligations de quitter le territoire français (OQTF).
Dans une interview accordée au quotidien Le Figaro, l’ancien président français Nicolas Sarkozy, reprenant les propositions de l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt, appelle à abroger les accords bilatéraux de 1968, qu’il qualifie d’« anomalie », et propose de conditionner toute délivrance de visa à la reprise effective des ressortissants visés par une OQTF. Il lie également toute avancée diplomatique à la libération du journaliste français Christophe Gleizes et de l’écrivain Boualem Sansal, détenus en Algérie.
Ces propos, tenus dans un contexte politique français délétère où le thème algérien est instrumentalisé par la droite et l’extrême droite, confirment une tendance déjà amorcée : le visa est devenu le principal levier de pression utilisé par Paris dans ses relations avec Alger.
Le visa, levier unique du “bras de fer”
La réduction des visas accordés aux Algériens est devenue le seul outil de pression réellement opérationnel de Paris. La lettre d’Emmanuel Macron à François Bayrou, datée du 6 août, évoque explicitement une baisse de 30 % dans la délivrance des visas aux ressortissants algériens. Un communiqué controversé de l’ambassade de France à Alger a confirmé que le levier visa est désormais au cœur du bras de fer diplomatique.
Alger a dénoncé un “chantage aux visas” qui s’étend désormais à l’ensemble des Algériens. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a relevé que « la première phase de ce chantage s’est achevée avec la dénonciation par l’Algérie de l’Accord algéro-français de 2013 sur l’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Aujourd’hui, les autorités françaises ouvrent une seconde phase qui concerne les passeports ordinaires, qu’elles entendent gérer par le chantage, le marchandage et l’intimidation ».
Une stratégie à l’efficacité incertaine
Pour de nombreux observateurs algériens, le chantage au visa a peu de chances de produire les effets escomptés dans le bras de fer voulu par la droite française. Mais il reste que les préconisations de Sarkozy constituent une synthèse des objectifs de la droite et de l’extrême droite française. Tout laisse penser que cette ligne deviendra celle de l’exécutif français, et que les autorités algériennes devront en tirer les conséquences diplomatiques.