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Maghreb

Algérie : Hausse inquiétante des décès provoqués par le monoxyde de carbone depuis le début de l’année

Par Yazid Ferhat
24 janvier 2017

Le rythme des décès par le monoxyde de carbone en Algérie depuis le début du mois de janvier est devenu inquiétant. Au moins une vingtaine de morts, parfois des familles entières sont décimées, depuis le début de la vague de froid qui affecte les régions nord, est et ouest du pays. Où se situent les responsabilités ?

 

 Les intempéries qui affectent l’ensemble des régions du pays, y compris le sud avec des chutes de neige dans la Saoura, ont été malheureusement accompagnées de drames : des familles entières décimées par les gaz émanant d’appareils de chauffage à gaz ou à mazout, ou des chauffe-eau. Depuis le début du mois de janvier, une vingtaine de personnes sont mortes, victimes du monoxyde de carbone, selon les services de sécurité et les secouristes. Le phénomène est, cependant, récurrent en Algérie depuis au moins 2010. Entre 2010 et 2015, au moins 200 morts et des milliers de blessés sont à déplorer, selon des décomptes non officiels. En 2016, le monoxyde de carbone a tué 102 personnes. Selon un bilan de la protection civile, qui couvre la période du 1er janvier au 18 décembre 2016, 1.300 personnes ont été secourues après avoir été incommodées ou intoxiquées par le monoxyde de carbone émanant d’appareils de chauffage. Pour autant, à côté des communiqués laconiques sur les drames provoqués par le monoxyde de carbone, les autorités publiques concernées restent silencieuses, alors que les enquêtes menées par les services de sécurité ne sont pas rendues publiques.

 

Situer les responsabilités

 

Jusqu’à présent, le principal accusé reste l’appareil de chauffage ou le chauffe-eau. On parle d’appareils de contrefaçon, sans que les ministères du commerce, ou de l’Industrie n’interviennent pour situer les responsabilités. Pourtant, en 2015, le ministère du commerce avait rendu publique une enquête sur le phénomène, et promis des mesures draconiennes contre l’importation d’appareils de contrefaçon. Selon cette enquête, la quasi-totalité des appareils contrôlés étaient non conformes aux normes exigées. Conduite entre fin 2014 et début 2015, cette enquête, menée à la suite d’une hausse inquiétante des cas d’accidents mortels liés à l’inhalation de monoxyde de carbone, avait conclu que sur un total de 158 échantillons d’appareils importés ou fabriqués localement testés, 155 étaient non conformes, soit près de 98% des appareils contrôlés.

 

Hausse inquiétante des décès, absence de réaction officielle

 

« Le nombre de décès par inhalation de gaz a atteint des proportions alarmantes ces dernières années. Le monoxyde de carbone, qualifié de +tueur silencieux+, est la principale cause d’intoxication accidentelle en milieu domestique », note le document du ministère. Sur la base de ce constat, le ministère du Commerce a donc décidé de soumettre les appareils de chauffage à gaz à un « contrôle systématique » tant au niveau des frontières que sur le marché national. Les principales infractions constatées par le laboratoire régional du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l’emballage (Cacqe) de Constantine portent notamment sur l’absence du scellage des organes de pression (81 cas), le mode de raccordement au gaz (58), l’absence de prise de pression (47) et les températures des parties externes (19). Des ordres stricts ont été dés lors donnés aux services des Douanes pour le contrôle des appareils de chauffage à gaz importés, et aux directions du Commerce et de l’Industrie et des mines pour vérifier la production nationale d’appareils de chauffage à gaz. Sur le marché local, il y a plusieurs fabricants, publics et privés, dont des partenaires de franchises internationales. Dès lors, de nouvelles dispositions réglementaires visant le renforcement du contrôle de conformité des appareils à gaz sur le plan sécurité ont été prises en 2015, dont un arrêté interministériel (Commerce, Industrie, Energie) durcissant les contrôles des appareils fabriqués localement et présentant des défauts, ou provenant de l’industrie mondiale de la contrefaçon. Bilan de ces mesures draconiennes: plus de 20 morts en moins de 10 jours depuis le début de la vague de froid en ce janvier 2017.

 

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