Succès en vitrine, failles en coulisses. L’industrie pharmaceutique algérienne approvisionne correctement les pharmacies privées-plus de 80 %-mais les hôpitaux restent sous perfusion étrangère : trois quarts de leurs médicaments sont importés. L’autonomie sanitaire tant vantée par le gouvernement montre ici ses limites.
L’effort de l’État pour soutenir l’industrie nationale a porté ses fruits. La valeur des importations de médicaments a été divisée par plus de deux en deux ans, chutant de 1,25 milliard de dollars en 2022 à 515 millions de dollars en 2024. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’industrie pharmaceutique, Ouassim Kouidri, devant devant la commission de l’économie, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification de l’Assemblée populaire nationale, mardi.
Cette réduction impressionnante est la meilleure preuve de l’efficacité des mesures d’encadrement, notamment grâce au rôle de l’Agence Nationale des Produits Pharmaceutiques (ANPP), créée en 2018, pour garantir le contrôle et l’homologation des produits.
Le tissu industriel se consolide avec 233 entreprises actives, dont 138 se concentrent sur la fabrication de médicaments pour le marché privé. Le ministère d’ailleurs étudie actuellement 103 nouveaux projets d’investissement, dont 72 sont dédiés aux médicaments et 31 aux dispositifs médicaux. Ces initiatives visent à consolider les acquis, notamment sur les génériques, mais aussi à s’attaquer aux niches les plus coûteuses. Pourtant, ce dynamisme industriel profite peu au secteur public.
L’écart vertigineux des 76%, le défi de l’hôpital
Le problème réside dans les hôpitaux. Leur marché, caractérisé par des achats centralisés et des procédures d’appel d’offres spécifiques, est réservé aux médicaments de pointe et aux traitements complexes.
Sur 1079 médicaments hospitaliers, seulement 24 % sont produits localement. Pour tout le reste, molécules de pointe, biothérapies, anticancéreux, l’Algérie reste à la traîne. Le dynamisme du secteur privé ne suffit pas : le pays manque encore du savoir-faire technique pour ces produits essentiels. Une quinzaine de projets d’usines d’anticancéreux ont été lancés pour tenter de réduire cette dépendance. Mais entre l’annonce et la mise en production, le chemin reste long.





