La tendance baissière de l’euro face au dinar algérien sur le marché noir des devises s’est nettement accélérée ce dimanche 21 décembre 2025. Après plusieurs jours de repli progressif, la monnaie européenne a enregistré une chute brutale, confirmant un changement clair de dynamique observé chez les cambistes informels.
Le billet de référence de 100 euros a perdu pas moins de 200 dinars en une seule journée. À la vente, il s’échange désormais contre 27 800 dinars, contre 28 000 dinars la veille. Le recul est encore plus marqué du côté de l’achat. Le même billet est repris par les cambistes autour de 27 400 dinars en moyenne. Il s’agit d’un niveau bas rarement observé ces dernières semaines sur le marché noir.
Les raisons de la baisse
Cette baisse rapide n’a rien d’un ajustement technique. Elle est avant tout liée à des facteurs conjoncturels précis. En premier lieu, une perturbation majeure touche actuellement les flux de voyageurs algériens vers la Tunisie. Or, ces déplacements constituent traditionnellement l’un des principaux moteurs de la demande en euro sur le marché noir, notamment en période de fin d’année.
En effet, de nouvelles conditions jugées très contraignantes ont été imposées aux agences de voyages par le ministère des Transports afin d’obtenir l’autorisation d’organiser des séjours touristiques vers la Tunisie. Ces exigences ont entraîné l’annulation de nombreux voyages programmés pour les vacances de fin d’année. Parmi les mesures appliquées figurent l’obligation de mobiliser un bus âgé de moins de dix ans, le dépôt d’une demande officielle accompagnée de la liste complète des voyageurs, ainsi que la limitation à un seul voyage par mois. À cela s’ajoutent d’autres contraintes administratives qui compliquent davantage l’organisation des déplacements.
Parallèlement, les conditions d’obtention de l’allocation touristique de 750 euros par adulte ont été révisées. Désormais, les chômeurs sont exclus de ce dispositif. De plus, le bénéficiaire doit obligatoirement détenir un compte bancaire et régler en dinars, via des mécanismes de paiement dématérialisés, l’équivalent de 750 euros. Ces nouvelles règles ont considérablement réduit le nombre de personnes éligibles à l’allocation.
Moins de voyageurs à l’étranger, moins de demande sur le marché noir
Résultat direct : le nombre de voyageurs algériens vers la Tunisie a chuté de manière spectaculaire. Selon plusieurs pages Facebook spécialisées dans le suivi du marché noir et des flux frontaliers, les longues files de véhicules habituellement observées devant les postes frontaliers algéro-tunisiens ont quasiment disparu ces deux derniers jours.
Le mécanisme est simple. Moins de voyages à l’étranger signifie moins de demande en devises. Or, sur le marché noir, la demande reste le principal déterminant du taux de change. « Quand les voyageurs disparaissent, l’euro recule mécaniquement », expliquent les cambistes. Ainsi, la contraction de la demande tire logiquement les cours vers le bas.
Si ces conditions persistent, la pression baissière sur l’euro pourrait se prolonger à court terme. Toutefois, le marché noir reste par nature instable. Un assouplissement réglementaire ou une reprise des flux pourrait rapidement inverser la tendance.






