L’Algérie renoue avec les déficits extérieurs. Selon les données publiées par l’Office national des statistiques (ONS), la balance commerciale enregistre un déficit de 711,5 milliards de dinars au premier semestre 2025. Un an plus tôt, le pays affichait encore un excédent de 320 milliards de dinars. La bascule est nette et confirme le retour des tensions sur les comptes extérieurs.
Importations en forte accélération
Les importations repartent nettement à la hausse. Elles atteignent 3 767 milliards de dinars, en progression de 24,8 % sur un an. Cette augmentation n’est pas liée aux prix, en recul de 2,8 %, mais à une hausse spectaculaire du volume importé, qui bondit de 28,4 %. Autrement dit, l’Algérie achète beaucoup plus de biens à l’étranger.
Plusieurs postes tirent cette dynamique. Les machines et matériels de transport restent le premier contributeur, avec 29 % de la facture totale. Les produits alimentaires suivent, à 21,4 %. Les articles manufacturés représentent 16,6 %, et les produits chimiques 15,8 %. Cette structure confirme une dépendance persistante à l’étranger, malgré les annonces répétées sur la substitution aux importations.
Les besoins en intrants industriels, en équipements et en produits de consommation continuent donc de peser lourdement. Cette situation, déjà observée les années précédentes, montre que la réduction de la facture d’importation reste difficile à atteindre dans une économie peu diversifiée sur le plan productif.
Exportations en repli, hydrocarbures sous pression
Les exportations reculent dans le même temps. Elles totalisent 3 055,6 milliards de dinars, soit –8,5 % sur un an. Le recul des prix à l’exportation (–7,4 %) pèse fortement sur les recettes, tandis que les volumes diminuent légèrement (–1,2 %).
Le secteur des hydrocarbures, toujours dominant, concentre l’essentiel de cette contraction. Les prix du pétrole et du gaz baissent de 8,2 %, et les volumes de 2,1 %. Ce double choc affecte directement les entrées de devises de l’Algérie, qui reste dépendante de ces ventes pour financer l’essentiel de ses importations.
Les exportations hors hydrocarbures progressent néanmoins, avec une hausse de 11,8 % en valeur. Les volumes gagnent 8,6 %, et les prix 3 %. Mais leur poids reste marginal dans l’ensemble des ventes. Les effets sur la balance commerciale demeurent donc limités.
Un taux de couverture qui s’effondre
Le taux de couverture, indicateur clé de la santé des échanges extérieurs, chute de 110,6 % à 81,1 %. L’Algérie n’arrive plus à financer ses importations par ses exportations. Les réserves de change pourraient être davantage sollicitées si la tendance se confirme.
Les termes de l’échange reculent eux aussi, passant de 131,4 % à 125,3 %. Le pays doit exporter plus pour obtenir la même valeur de biens importés. Le pouvoir d’achat extérieur se dégrade.
Fragilités structurelles persistantes
Ce premier semestre 2025 révèle la vulnérabilité persistante de l’économie algérienne. Dès que les prix des hydrocarbures se contractent, le déficit réapparaît. La hausse du volume des importations, combinée au recul des recettes énergétiques, ramène l’Algérie à un niveau de fragilité semblable à celui de 2020.
L’ONS livre un constat clair : la dépendance aux hydrocarbures reste centrale, la diversification progresse trop lentement et le rééquilibrage des échanges extérieurs demeure incertain.





