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Algérie – La guerre est ouverte entre le général Abdelghani Hamel et Tayeb Belaiz

Par Maghreb Émergent
30 octobre 2014
Critiqué de toutes parts, le général Hamel répond à son principal détracteur, le ministre de l'intérieur Tayeb Belaiz (DR)

Le général Abdelghani Hamel tacle le ministre de l’intérieur pour reprendre le contrôle de la police. Il fait état de blocages de la part du ministère de l’intérieur.

 

Le patron de la police, le général Abdelghani Hamel, a taclé le ministre de l’intérieur Tayeb Belaïz, sans le citer ni l’évoquer directement, à propos de la gestion de la police. Des documents remis au site d’information Tout Sur l’Algérie par la DGSN, accusent en effet directement le ministère de l’intérieur d’être derrière certains blocages qui empêchent d’améliorer la situation des policiers en mission.
Mis en cause par les agents qui avaient organisé une action de protestation et demandé sa tête, au début du mois, le général Hamel contre-attaque ainsi, en rappelant ses différentes actions à la tête de la police, tout en mettant implicitement en cause le ministre de l’intérieur.
Selon ces documents, le ministère de l’intérieur aurait laissé trainer le dossier avant de revoir à la baisse les propositions de la DGSN concernant les indemnités accordées aux policiers en mission, qu’il s’agisse « des frais de déplacements collectifs, de la prime alimentaire et de la gratuité des repas, de la revalorisation des bourses d’études des élèves policiers, ou des indemnités de zone ». La DGSN aurait ainsi demandé une revalorisation conséquente de la « prime alimentaire », mais le ministère de l’intérieur n’a pas adhéré à la démarche. Les résultats obtenus ont été « en deçà des objectifs escomptés ».
Conflit latent
Le général Hamel endosse implicitement les revendications de sa troupe, selon ces documents, car « avec des montants de 210 dinars pour l’élève et 250 dinars pour le policier en casernement, la prime accordée ne correspond nullement au niveau de vie ». Le document manie même l’ironie, en notant que les personnes « arrêtées et placées en garde-à-vue dans les commissariats bénéficient d’une prime alimentaire supérieure », entre 370 dinars et 400 dinars, selon les régions
La protestation des policiers avait commencé à Ghardaïa, où des unités s’interposent depuis plus d’un an entre belligérants qui s’affrontent dans cette ville aux portes du désert. La protesta policière avait débordé sur plusieurs villes, dont Alger, où une marche a été organisée sur le palais du gouvernement puis sur le palais présidentiel. Parmi les thèses avancées alors pour expliquer cette action, plusieurs journaux avaient avancé un conflit latent entre le ministre de l’intérieur Tayeb Belaïz et le patron de la police, le général Hamel. Tous deux sont pourtant des protégés du président Abdelaziz Bouteflika, membres de son premier cercle, originaires de Tlemcen. Ils lui doivent leur ascension depuis son arrivée au pouvoir. Certains analystes leur prêtent à tous les deux des ambitions pour la succession du président Abdelaziz Bouteflika.
Le document égratigne aussi l’ancien ministre de l’intérieur Daho Ould Kablia, en rappelant que certains dossiers étaient en suspens depuis l’avènement du général Hamel à la tête de la police, en 2010, à la suite de l’assassinat de M. Ali Tounsi, tué dans son bureau par un de ses assistants. M Ould Kablia, qui est un vétéran de la vie politique, a quitté le gouvernement.
15% des policiers ont obtenu des logements aidés
Par ailleurs, les documents rendus publics par la DGSN font état d’importantes augmentations de salaires obtenues par les policiers durant les dernières années. Ils ont aussi eu droit à des aides sociales remarquables. Près de 30.000 policiers ont bénéficié de logements aidés (LSP et ADL), soit un policier sur six. Aucune corporation n’a reçu des logements dans la même proportion.
Le document révèle par ailleurs un chiffre traditionnellement confidentiel. On y apprend que l’Algérie compte 201.000 policiers (un policier pour 185 habitants). La DGSN recrute près de 16.000 élèves policiers par année.
S’adressant visiblement aux policiers qui ont participé à la protesta tout en prenant à témoin le reste de la corporation et les citoyens, le document énumère les propositions faites pour apaiser ce corps. On y trouve des propositions en vue d’une « majoration de 25% de l’indemnité de zone » pour ceux exerçant dans le Sud et une limitation de la durée de service au sein des unités antiémeute à cinq ans. Le détachement à Ghardaïa, où gendarmes et policiers sont soumis à une forte pression, sera limitée à deux mois.

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