Les déclarations de Louisa Hanoune s’inscrivent dans le prolongement d’une audience avec le président Tebboune le 25 novembre dernier.
Louisa Hanoune a choisi de mettre des mots précis sur un dossier que le gouvernement traite encore par communiqués laconiques. Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi au siège du Parti des Travailleurs, elle affirme que la revalorisation du Salaire national minimum garanti (SNMG) doit entrer en vigueur dès janvier prochain, conformément aux décisions annoncées à l’issue du Conseil des ministres du 16 novembre.
Pour la secrétaire générale du PT, l’augmentation du salaire minimum n’est pas une revendication isolée, mais l’un des axes d’un cahier de doléances plus large porté par différentes catégories de travailleurs. Elle rappelle d’abord que “les revendications concernent, par exemple, les enseignants des écoles de formation professionnelle, qui demandent une amélioration de leur situation professionnelle, ainsi que d’autres catégories sociales, pas seulement dans le secteur de la santé mais dans l’ensemble des services publics”.
Elle insiste ensuite sur le cœur de la demande : “Parmi ces revendications figure l’augmentation du salaire minimum garanti dès le début de l’année prochaine.” En d’autres termes, la hausse du SNMG est présentée comme une mesure urgente, attendue non seulement par les bas salaires mais par une partie importante de la fonction publique et des salariés précaires.
Hanoune veut aussi couper court à un soupçon largement partagé parmi les ménages modestes : celui de voir une hausse du salaire minimum accompagnée d’un désengagement de l’État sur les subventions. Elle affirme qu’“il a été précisé que cette revalorisation du salaire minimum ne touchera pas aux transferts sociaux”. Et elle prend le temps de rappeler ce que recouvre cet outil central de la politique sociale : “Ces transferts sociaux représentent les subventions accordées par l’État aux produits alimentaires de base, mais ils ne se limitent pas à cela : ils couvrent également le secteur de la santé, de l’éducation, des transports, ainsi que les retraités et les personnes en situation de handicap, c’est-à-dire un large éventail de catégories sociales.”
Sur le plan institutionnel, la sortie de la dirigeante du PT s’inscrit dans la continuité de la séquence ouverte par le Conseil des ministres du 16 novembre 2025. Ce jour-là, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé le principe d’une revalorisation du SNMG et chargé le ministre des Finances de préparer le dispositif correspondant. Louisa Hanoune se saisit de ce signal politique et le traduit en échéance concrète, en parlant d’une entrée en vigueur dès janvier. Elle prend au mot l’exécutif et transforme une orientation générale en engagement daté.
Un SNMG parmi les plus bas du Maghreb, rattrapé par l’inflation
Pour rappel, le SNMG est fixé à 20 000 dinars, soit environ 145 dollars au taux officiel, nettement moins au taux du marché parallèle. À ce niveau, l’Algérie se situe parmi les pays du Maghreb où le salaire minimum légal est le plus bas. Dans la pratique, ce montant ne permet plus de couvrir un panier de consommation de base dans les grandes villes, encore moins de faire face aux dépenses imprévues.
Depuis 2019, une seule hausse du salaire minimum a été décidée. Elle n’a ni compensé l’érosion du dinar ni rattrapé la progression des prix alimentaires, des transports et de nombreux services. Les syndicats, y compris ceux proches du pouvoir, alertent régulièrement sur ce décalage. Les familles à revenu modeste vivent au rythme d’arbitrages permanents : loyer, alimentation, scolarité, santé, tout ne peut pas être payé au même moment. Dans ce contexte, annoncer une revalorisation du SNMG sans préciser son ampleur revient à ouvrir une attente très forte.





