M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Algérie: Le CARE propose des solutions au commerce du cabas

Par Younes Saâdi
29 mai 2025

Le commerce informel transfrontalier, communément appelé « commerce du cabas », est au cœur des préoccupations en Algérie. Face à une pratique longtemps décriée et perçue comme un acte de fraude, le Président de la République a récemment marqué une inflexion majeure, refusant sa criminalisation et reconnaissant une réalité socio-économique pour des centaines de milliers de citoyens. Cette position, bien que tardive, relance le débat sur la gestion de l’informel et les réformes économiques structurelles tant attendues.

Le Cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise (CARE), un Think Tank algérien, propose des pistes concrètes pour encadrer et gérer ce phénomène, le considérant moins comme un problème central que comme un révélateur des fragilités économiques algériennes.

Le Débat autour du Commerce du Cabas : Entre Survie et Défis Structurels

Historiquement, le commerce du cabas a été le produit de politiques publiques instables et contradictoires, transformant une pratique de survie en une modalité de subsistance institutionnalisée. Loin d’être un simple acte de fraude, il remplit des fonctions sociales et économiques vitales : soupape pour les ménages modestes, filet de sécurité pour les sans-emploi, et même un baromètre des carences du marché local. Il met en lumière les produits introuvables ou inaccessibles à des prix raisonnables, et révèle les tendances de consommation, offrant un « laboratoire à ciel ouvert » pour les producteurs nationaux.

Souvent critiqué par les acteurs économiques formels pour un « manque à gagner fiscal » ou une « concurrence déloyale », le document souligne que ce commerce informel, estimé à 2 à 3 milliards de dollars annuels et impliquant des centaines de milliers de personnes, porte principalement sur des produits de première nécessité. Il ne menace pas la production nationale et les marges générées relèvent de la survie.

Les Propositions de CARE pour Encadrer le Commerce du Cabas

Le CARE estime que la bonne question n’est pas de « contrôler » le commerce du cabas, mais de « comprendre pourquoi il existe ». Pour ce Think Tank, s’attaquer aux causes est plus simple et moins coûteux que de traiter les symptômes. Le document met en lumière plusieurs incohérences structurelles qui alimentent ce phénomène, notamment l’instabilité de la politique commerciale extérieure, le manque de visibilité pour les opérateurs, et la désinvolture face aux engagements commerciaux internationaux.

Pour contenir et gérer le commerce du cabas sans le « casser », le CARE propose des mesures de bon sens, peu coûteuses et non stigmatisantes :

  • Contrôles aléatoires a posteriori : Pour assurer la traçabilité et la qualité des produits.
  • Formation ciblée des micro-opérateurs : Pour améliorer les pratiques et la conformité.
  • Normes d’étiquetage simplifiées : Spécifiquement pour les produits sensibles, afin de garantir la sécurité sanitaire.
  • Collaboration avec les associations de consommateurs : Pour sensibiliser et renforcer la vigilance.

Ces propositions visent à atténuer les risques sanitaires et sécuritaires liés à l’absence de traçabilité (produits mal conservés, médicaments contrefaits, cosmétiques non conformes, pièces mécaniques dangereuses) sans entraver l’activité.

Au-delà du Cabas : Les Réformes Structurelles Nécessaires

Le document insiste sur le fait que la décision présidentielle est une inflexion, mais qu’elle ne suffira pas sans des réformes structurelles profondes. Le commerce du cabas, en révélant les fragilités du système économique algérien, souligne la nécessité de :

  • Une gouvernance économique moderne et ouverte : Avec une stratégie commerciale lisible et une cohérence institutionnelle.
  • Une politique de taux de change stable : Un sujet sur lequel le CARE a déjà plaidé en 2020.
  • L’adhésion à l’OMC : Pour s’intégrer pleinement dans l’ordre commercial mondial.
  • La réhabilitation de la fonction publique : En tant qu’espace de compétence et de confiance.

Le commerce du cabas est un miroir des désordres macroéconomiques algériens. Pour le CARE, la « régularisation » de cette pratique n’est pas l’enjeu majeur, mais l’occasion de remettre à plat les priorités, de revisiter les outils économiques, et d’engager de véritables transformations structurelles. Sans cela, cette initiative risque de se perdre « dans les plis d’un appareil administratif qui s’auto-annule dès qu’il tente de se réformer ».

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Entreprise

Djamel Alilat (Laiterie Soummam): »La culture céréalière au Sud est complémentaire à notre activité » (vidéo)

Dans cet entretien accordé à Maghreb Émergent, Djamel Alilat, responsable communication de la laiterie Soummam, partage la vision stratégique de l’entreprise sur le développement de l’agriculture céréalière dans le Sud… Lire Plus

Actualités

Espagne : afflux de migrants algériens et subsahariens depuis les côtes algériennes

Une dizaine d’embarcations de fortune parties d’Algérie ont atteint les Baléares en une semaine, avec à leur bord plus de 200 migrants, indique la presse espagnole. Selon la même source,… Lire Plus

Actualités Maghreb

Tunisie: Kais Saïed appelle à renforcer la lutte contre la spéculation

Lors d’une réunion, cette semaine, entre le président tunisien, Kais Saïed, et le ministre de l’Intérieur, Khaled Ennouri ainsi que le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur chargé de… Lire Plus

Actualités Maghreb

Signature de plus de 40 accords pour exporter les produits algériens vers la Mauritanie

Après la signature d’un nombre record de mémorandums d’entente, entre des opérateurs économiques algériens et mauritaniens, dans le cadre de la 7e édition de la Foire des produits algériens à… Lire Plus

Algérie Energie

« Gaz de schiste, le débat algérien est relancé sur les RS en attendant les officiels »

La chronique d’Ihsane El Kadi, publiée sur Maghreb Émergent sous le titre « Algérie, que faire avec les 3e réserves de gaz de schiste au monde ? », n’a pas… Lire Plus