Le verrouillage de l’accès à l’allocation touristique de 750 euros, décidé cette semaine par la Banque d’Algérie, a produit un effet immédiat. Il a inversé la tendance de l’euro sur le marché noir des devises. Après plusieurs séances de baisse, l’euro repart à la hausse face au dinar algérien ce jeudi 18 décembre.
Les chiffres confirment ce retournement. Le billet de 100 euros a gagné 100 dinars algériens par rapport à la veille. À la vente, 100 euros s’échangent désormais contre 28 100 dinars. À l’achat, la cotation s’établit à 27 800 dinars pour 100 euros. Ce mouvement met fin à une phase de repli observée ces derniers jours sur le marché parallèle.
L’allocation touristique pointue du doigt
Selon les cambistes, cette reprise n’est pas conjoncturelle. Elle est directement liée aux nouvelles restrictions imposées à l’accès à l’allocation touristique de 750 euros. Pour eux, la décision de la Banque d’Algérie modifie en profondeur l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché noir.
D’abord, la demande pour l’euro devrait augmenter. Une partie des voyageurs algériens ne remplira plus les nouvelles conditions d’éligibilité à l’allocation touristique. Ces voyageurs n’auront alors qu’une seule option pour financer leurs déplacements à l’étranger : se tourner vers le marché noir. Par conséquent, la pression sur la demande en euro va s’intensifier, notamment à l’approche des périodes de voyage.
Ensuite, les cambistes anticipent une contraction de l’offre. Jusqu’à présent, une fraction de l’allocation touristique alimentait indirectement le marché noir. Des bénéficiaires, notamment parmi les chômeurs, ne dépensaient pas la totalité des 750 euros lors de courts séjours, souvent en Tunisie. À leur retour, les montants non utilisés étaient revendus sur le marché parallèle, augmentant ainsi l’offre en euro.
Or, avec l’exclusion de certaines catégories, dont les chômeurs, ce canal d’approvisionnement va se tarir. Moins d’allocations distribuées signifie moins d’euros susceptibles d’être injectés sur le marché noir. Ce recul de l’offre, combiné à une demande en hausse, crée mécaniquement une pression haussière sur le taux de change.
Les cambistes ont donc ajusté leurs cotations par anticipation. Ils parient sur une tension durable autour de l’euro. « Cette tendance peut s’inscrire dans la durée », affirme l’un d’eux. Selon ce professionnel, tant que les conditions d’accès à l’allocation touristique resteront restrictives, l’euro conservera un biais haussier sur le marché noir.
Ainsi, la décision de la Banque d’Algérie, censée mieux encadrer la distribution des devises, produit un effet paradoxal. Elle renforce l’attractivité du marché parallèle et soutient la hausse de l’euro face au dinar algérien. Une dynamique qui pourrait s’amplifier dans les prochaines semaines si aucune mesure corrective n’est introduite.





