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Maghreb

Algérie – Le Prix Ali Bey Boudoukha du meilleur article d’investigation a été décerné à Tarek Hafid (vidéo)

Par Yacine Temlali
27 juillet 2017
Le lauréat (à l'extrême gauche sur cette photo) en compagnie de membres du jury (ph. : Ahmed Sahara/Maghreb Emergent).

Le prix, lancé et organisé par Interface Médias, l’agence éditrice de Maghreb Emergent, est financé exclusivement par des dons de citoyens. Il a primé cette année une enquête publiée dans Le Soir d’Algérie, le 15 février 2017. Cette enquête révèle que quelques jours seulement après la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties, « la direction d’Asmidal – chef de file du groupement algérien qui comprend également le groupe industriel minier Manadjim El-Djazaïr (Manal) – ne parvint plus à contacter le patron de l’entreprise Radyolla, Abdulaziz Al-Deghaither. Ce dernier était injoignable, créant du coup une situation inédite : l’Etat algérien a signé un protocole d’accord de plusieurs milliards de dollars avec une entreprise fantôme ! ».

 

 

Doté de 400.000 dinars, le prix Ali Bey Boudoukha du meilleur article d’investigation, a été décerné hier soir au journaliste indépendant algérien, Tarek Hafid. Le jury a décidé de primer son article, paru dans Le Soir d’Algérie du 15 février 2017 et intitulé « Industrie de phosphate – Un engagement de 15 milliards de dollars avec une entreprise fantôme ».

La cérémonie de remise du prix a eu lieu au restaurant La Cabane, à Cheraga, à Alger, en présence du personnel de Maghreb Emergent, du Huffington Post Algérie et de Radio M, trois médias édités par l’agence Interface Médias ainsi que de nombreux invités.

L’enquête primée révèle que quelques jours seulement après la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties, « la direction d’Asmidal – chef de file du groupement algérien qui comprend également le groupe industriel minier Manadjim El-Djazaïr (Manal) – ne parvint plus à contacter le patron de l’entreprise Radyolla, Abdulaziz Al-Deghaither. Ce dernier était injoignable, créant du coup une situation inédite : l’Etat algérien a signé un protocole d’accord de plusieurs milliards de dollars avec une entreprise fantôme ! ». Il poursuit : « Au département de l’Industrie et des Mines, des cadres sont chargés de faire des recherches sur Radyolla. Ce qu’ils découvrent est invraisemblable : la ‘’méga-holding’’ n’est qu’une simple entité commerciale enregistrée à Riyad sans adresse, ni siège, ni même un site web. »

Le jury, présidé par l’éminent ex-journaliste de la radio Lotfi Madani, a estimé, à l’unanimité, que cet article, « qui porte sur un cas d’annonce sans suite d’un grand investissement est celui qui se rapproche le plus des techniques de l’investigation: tentative de consulter plusieurs sources et plusieurs spécialistes du sujet ou témoins, révélation de faits inédits ».

 

Un autre prix d’encouragement

 

Le jury a également apprécié la qualité de l’article « Reggane : Le blues de la ‘’Gerboise bleue’’ », coécrit par Reda Mennasel et de Mohamed Saïm et publié dans Liberté, le 15 juin 2017. Il leur a décerné un prix d’une valeur de 50.000 dinars pour chacun d’eux, reconnaissant en leur article, « un travail d’une grande sensibilité bien qu’il reste loin de l’esprit du travail d’investigation », pour citer le président du jury, Lotfi Madani.

Pour rappel, le prix, qui porte le nom de feu Ali Boudoukha, un des fondateurs d’Interface Médias, agence éditrice de Maghreb Emergent, a été institué en 2014 mais n’a pas été décerné en 2015 et 2016. Le lancement de sa seconde édition a été annoncé le 4 janvier dernier.

Le prix est ouvert aux journalistes algériens ou étrangers travaillant dans des médias algériens ou publiant en free-lance en Algérie. Il est finance par des dons de citoyens en espèces ou sur la plateforme de financement participatif kisskissbankbank.

 

Difficile d’être journaliste d’investigation en Algérie

 

Seulement six candidats ont participé au concours cette année, a déploré Lotfi Madani, ce qui s’explique, selon lui, par les conditions difficiles que vit le journalisme d’investigation en Algérie : difficile accès aux sources de l’information, des garanties insuffisantes de protection de ces sources et des journalistes devant les intimidations du pouvoir politique et/ou économique, sans parler des risques de poursuites judiciaires « dans un pays ou la justice n’est pas indépendante », d’où la nécessité a ajouté le président du jury, de renforcer les moyens matériels et humains que les éditeurs de presse doivent fournir aux journalistes pour faire de l’investigation.

Le lauréat du Prix, Tarek Hafid, s’est montré bien optimiste, dans son allocution. Selon lui, « il existe énormément de journalistes d’investigation et de lanceurs d’alerte en Algérie ». Il n’a pas omis de souligner que dans tous les secteurs de la vie nationale, il existe des cadres honnêtes, qui n’hésitent pas à informer l’opinion. 

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