Dans un contexte de baisse généralisée des exportations énergétiques, l’électricité se distingue comme l’un des rares flux en progression.
Pendant que les ventes de gaz et de pétrole reculent, un autre flux énergétique affiche une hausse significative. Selon le rapport annuel du ministère des Hydrocarbures et des Mines, les exportations algériennes d’électricité ont grimpé de 12,3 % en 2024, atteignant 2 798 gigawattheures (GWh), contre 2 521 GWh l’année précédente. En équivalent énergétique, cela représente 671 000 tonnes équivalent pétrole, soit une hausse de près de 75 000 tonnes en un an.
Cette performance contraste nettement avec la dynamique d’ensemble. En 2024, les exportations totales d’énergie du pays ont reculé de 3,6 %, plombées par la baisse du gaz naturel liquéfié, du gaz par gazoduc, du condensat et du brut. Dans ce tableau morose, l’électricité fait exception, aux côtés des produits pétroliers raffinés. Certes, elle ne pèse encore qu’environ 2 % des exportations d’énergie dérivée. Mais sa progression, à contre-courant, n’est pas négligeable.
Ces ventes se font essentiellement par les interconnexions régionales, notamment vers la Tunisie via le réseau de la STEG. Il ne s’agit donc pas d’opérations ponctuelles ou opportunistes, mais de flux transfrontaliers réguliers, adossés à des infrastructures en place et à une coopération énergétique de longue date. Contrairement aux hydrocarbures, l’électricité se stocke difficilement. Son exportation suppose donc une capacité excédentaire réelle à certaines heures, ainsi qu’une gestion fine du réseau.
Un parc électrique en expansion
Cette dynamique s’appuie sur la montée en puissance du parc électrique national. En 2024, la production a atteint 100,7 térawattheures (TWh), en hausse de plus de 6 %, tandis que la puissance installée est passée à 26,2 gigawatts, essentiellement thermique. Autrement dit, l’Algérie ne produit plus seulement pour répondre à une demande intérieure en forte croissance : elle commence aussi à valoriser ses capacités à l’export, même marginalement.
Il serait exagéré de parler de basculement. L’électricité reste un flux secondaire dans la balance énergétique extérieure du pays, loin derrière le gaz et le pétrole. Mais sa progression, dans un contexte défavorable, révèle deux tendances de fond : une diversification progressive des formes d’exportation énergétique, et l’émergence d’une logique régionale fondée sur l’interconnexion des systèmes électriques.