La mise en place de réglementations drastiques sur le transport international par route en Algérie provoque la colère des agences de voyages. L’obligation de mobiliser un double équipage et d’utiliser des bus de moins de dix ans, souvent impossible à respecter, est perçue comme une manœuvre pour restreindre l’accès à l’allocation touristique de 750 euros, notamment pour les voyages vers la Tunisie.
Depuis la revalorisation de l’allocation touristique à 750 euros le 20 juillet dernier, les flux de voyageurs algériens vers la Tunisie par voie terrestre ont explosé. Face à ce que les autorités considèrent comme des « abus » et des « détournements » de la devise vers le marché parallèle, un ensemble de nouvelles règles encadrant le transport collectif international par route vient d’être mis en place, provoquant une vague de protestations chez les professionnels des agences de voyages.
Le transport collectif pris pour cible
Les nouvelles dispositions pénalisent lourdement les voyages organisés par bus et minibus, contrastant fortement avec la souplesse maintenue pour les véhicules personnels de moins de huit places. La mesure clé, entrée en vigueur sans préavis, se traduit par un alourdissement inédit des contraintes administratives et opérationnelles.
Désormais, chaque voyage en bus nécessite une autorisation internationale spécifique et provisoire, qui doit être demandée aux directions des transports de wilaya au moins quinze jours à l’avance. S’ajoute à cela l’obligation de mobiliser deux conducteurs par bus, ainsi qu’un guide accompagnateur déclaré à la sécurité sociale, ce qui fait exploser les charges des agences et réduit leur marge de manœuvre.
Le dilemme du parc automobile : Une règle impossible à tenir
La règle la plus contestée concerne l’obligation d’utiliser des bus dont l’âge est inférieur à dix ans. Présentée comme un impératif de sécurité, cette exigence se heurte à une réalité économique implacable en Algérie.
La majorité du parc de transport international existant dépasse largement cette limite d’âge. Le renouvellement des véhicules est paralysé par l’indisponibilité de bus neufs sur le marché local, rendant cette contrainte techniquement impossible à respecter pour la quasi-totalité des opérateurs.
Coup d’arrêt aux frontières : la colère des agences
L’application immédiate de ces mesures, sans période d’adaptation, a eu des conséquences directes. Des bus transportant des touristes algériens vers la Tunisie ont été bloqués à la frontière, forçant l’interruption des séjours et la désorganisation complète des plannings.
Les agences de voyages dénoncent une annulation déguisée de l’accès à l’allocation touristique par voie terrestre. « L’accumulation de ces conditions équivaut à un verrouillage pur et simple de l’accès à la devise pour nos clients voyageant en bus. Il devient pratiquement impossible de maintenir ce type d’offres, » alerte un gérant d’agence.
En ciblant le transport collectif, les autorités visent clairement à freiner la « ruée » vers la nouvelle allocation de 750 euros, un montant qui, selon Alger et Tunis, alimenterait le marché parallèle des devises au lieu de servir exclusivement au tourisme.
Ces nouvelles régulations marquent un tournant dans la gestion des flux de capitaux et du tourisme, créant un déséquilibre entre le voyage individuel (non contraint) et l’activité des agences, tout en soulevant la question cruciale de la faisabilité économique et logistique de ces exigences pour le secteur en Algérie.