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Maghreb

Algérie-Les Cadres supérieurs des ministères expriment (eux aussi) leur malaise

Par Yazid Ferhat
28 octobre 2014

S’il y a une catégorie de fonctionnaires que les salariés ordinaires envient, ce sont bien les cadres supérieurs de l’administration.

 

Dans cette catégorie, les conseillers des ministres, les directeurs et sous directeurs des ministères sont en bonne place. Ils sont nommés par décret, ont un régime particulier de retraite et leurs traitements a été revalorisé depuis quelques années, même s’il reste loin de leurs collègues du secteur privé. Un directeur dans l’Administration centrale bénéficie aujourd’hui d’un salaire de l’ordre de 120 à 150 000 DA selon son ancienneté tandis que la rémunération d’un Sous directeur varie de 100 à 120 000 DA.

Le « rattrapage » effectué dans ce domaine au cours des dernières années a été très important et s’est traduit par un doublement des rémunérations en 3 ou 4 ans. Même si beaucoup de cadre supérieurs du secteur public lorgnent encore avec envie vers  le secteur privé affirmant en particulier que les salaires servis par les multinationales, pour cette catégorie de cadres, sont beaucoup plus attractifs et peuvent atteindre désormais couramment 200 à 250 000 DA mensuels en moyenne.

Ces hauts fonctionnaires dont la rumeur publique a fait les enfants chéris du régime ne sont pas, pour beaucoup d’entre eux,  les privilégiés que l’on suppose généralement. Dans les faits et selon les témoignages recueillis auprès de plusieurs d’entre eux, ils vivraient actuellement une situation de stress en raison de la « valse des ministres » et de la parcimonie avec laquelle les décrets de nomination sont signés depuis que la maladie du président de la république l’empêche de suivre le rythme des propositions.

La « valse des ministres » bloque les nominations

Un cadre supérieur du ministère de l’Industrie,  qui nous fait remarquer qu’en l’espace de quatre années pas moins de cinq ministres ont défilé au Boulevard Bougara, nous confie qu’il continue de percevoir un salaire qui avoisine 70 000 dinars. Le précédent ministre a envoyé une proposition de nomination pour un poste supérieur, rémunéré à 130 000 dinars. L’accord du premier ministère et le OK du DRS (enquête) ayant été obtenus, son décret attend depuis le mois de mars dernier une signature au niveau de la présidence de la république. Il affirme vivre dans la hantise que le ministère change de titulaire encore une fois et que le prochain ministre ne confirme pas cette proposition. A partir de ce moment la procédure sera frappée de nullité, s’inquiète t-il. Pendant ce temps il exerce une fonction qui l’astreint à une forte présence et à des engagements de tous les instants tout en percevant le modeste salaire dinars correspondant à son poste d’origine.

Un autre cadre, cette fois-ci au ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire qui a exercé longtemps dans d’autres administrations attend le décret correspondant à sa nouvelle nomination depuis deux ans pour pouvoir partir en retraite. L’administration ne veut pas lui confier des dossiers du fait que dès la signature de son décret il sera versé en retraite. Il passe donc son temps à espérer avec angoisse que ces deux années ne lui soient pas validées et donc de n’être pas versé à la fameuse caisse des cadres de l’Etat pour cause d’insuffisance d’années d’exercice par nomination par décret. Dans ce secteur notre interlocuteur ne ferait pas exception vue les changements fréquents de titulaire du portefeuille de ministre ces deux dernières années.

L’enjeu des frais de mission

Selon nos interlocuteurs ces incertitudes pèseraient lourdement sur la motivation des cadres et le climat de travail au sein des équipes ministérielles. Une situation encore aggravée par des dérives récentes .Certains cadres, nous dit on, très proches des ministres, compenseraient ces désagréments par des indemnités de frais de missions à l’étranger. Cette pratique très répandue s’exercerait au détriment des autres cadres des équipes ministérielles et de l’administration centrale qui se disent démotivés par une situation qui fait que « même lorsqu’un dossier est entre leurs mains, quand il s’agit de déplacements à l’étranger ils sont dessaisis au profit des amis du chef ».

Un conseiller au sein d’un ministère de souveraineté comment avec amertume : « La population nous assimile aux privilégiés du système alors que nous n’arrivons même pas à joindre les deux bouts entre les remboursements des crédits véhicule et d’acquisition de logement. Il ajoute que « dans l’imaginaire populaire nous sommes traités comme ceux qui baignent dans les prébendes et avantages divers, allant de salaires mirobolants aux lignes de crédit avantageuses et concessions foncières ». En vérité cela est valable pour les hauts cadres de l’armée, des services de sécurité et des personnels nommés par décret non publiable ; une bizarrerie algérienne conclut-il.

 

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