Les criquets pèlerins deviennent une menace réelle pour l’agriculteur algérienne. Dans un communiqué publié le 29 avril 2025, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte sur une activité acridienne anormale en Afrique du Nord, notamment en Algérie, en Tunisie et en Libye. L’organisme signale l’arrivée de groupes d’adultes et de petits essaims dans le centre algérien, conséquence directe de conditions écologiques favorables dans la région.
« La reproduction printanière connaît une dynamique exceptionnelle, en raison de vents et de précipitations ayant facilité la migration des criquets depuis le sud de l’Algérie, le Mali, le Niger et le Tchad », explique Cyril Piou, spécialiste des prévisions acridiennes à la FAO. Des signes précoces de ponte et de bandes larvaires ont déjà été détectés, annonçant une probable multiplication des essaims dès le mois de mai.
Une grave menace pour les récoltes et la sécurité alimentaire
Une menace plane désormais sur la période de récolte céréalière en Algérie, habituellement concentrée entre mai et juillet. Les essaims de criquets pèlerins, capables de dévaster des cultures entières en quelques heures, pourraient aggraver les pertes agricoles dans un contexte déjà tendu. Un seul kilomètre carré d’essaim peut contenir jusqu’à 80 millions d’insectes, dévorant autant de nourriture qu’une ville moyenne.
Dans son rapport « Perspectives des récoltes et situation alimentaire » de mars 2025, la FAO avait déjà anticipé une récolte céréalière inférieure à la moyenne des cinq dernières années pour l’ensemble de l’Afrique du Nord, notamment en raison de la sécheresse. L’apparition d’essaims vient donc renforcer les risques de perturbation de l’offre alimentaire.
L’Algérie appelée à une réponse rapide et coordonnée
Face à cette situation, la FAO exhorte les pays concernés — dont l’Algérie au premier plan — à intensifier les prospections au sol et à mobiliser des équipes de lutte antiacridienne. Les autorités doivent agir rapidement pour éviter une crise agricole majeure. Car au-delà de la menace sur les récoltes, c’est aussi la stabilité économique et sociale qui est en jeu : des pertes agricoles importantes pourraient accroître la dépendance aux importations, épuiser les stocks nationaux et exercer une pression sur les prix, affectant en priorité les ménages les plus vulnérables.
La crise actuelle met en lumière l’urgence pour l’Algérie d’investir davantage dans les systèmes d’alerte précoce, la surveillance écologique et les capacités de réponse rapide. Dans un environnement de plus en plus incertain, seule une approche proactive permettra de préserver la souveraineté alimentaire du pays.