La production industrielle du secteur public national accuse un net recul de 3,5 % au premier trimestre 2025, comparée à la même période de 2024, qui avait pourtant enregistré une hausse de 3 %. En tête de ce mouvement baissier : le secteur des hydrocarbures, pilier de l’économie algérienne, dont la production continue de décroître, tirant vers le bas l’ensemble du tissu industriel national.
Hydrocarbures, mines, agroalimentaire : les moteurs décrochent
Déjà en déclin depuis le deuxième trimestre 2024, la production des hydrocarbures recule de nouveau de 3,3 % entre janvier et mars 2025, contre une croissance de 2,2 % l’année précédente, selon l’indice de production industrielle publié par l’office national des statistiques (ONS). Toutes les branches du secteur sont touchées. Le recul le plus sévère concerne la liquéfaction du gaz naturel (-17,5 %), suivie par le raffinage du pétrole brut (-2,2 %) et la production de pétrole brut et de gaz naturel (-0,3 %).
Même constat du côté des mines et carrières, secteur qui avait pourtant brillé en 2023 et 2024. Il chute de 3,7 %, pénalisé par la baisse de l’extraction de phosphates (-21,1 %), du sel (-7,8 %) et des minerais de fer (-3,8 %). Seule exception : la production de minerais et matières minérales, en forte hausse (+92,7 %).
Le secteur des ISMMEE (industries sidérurgiques, mécaniques, métallurgiques, électriques et électroniques) accuse la plus forte chute de tous les secteurs : -41,7 %, après un rebond de 25,1 % au trimestre précédent. Cette baisse brutale touche aussi bien la transformation de la fonte et de l’acier (-59,2 %) que la mécanique de précision (-79,4 %). Quelques poches de résistance subsistent, comme la fabrication de biens de consommation électriques (+386,8 %).
Dans l’agroalimentaire, le repli se poursuit (-10,2 %), affectant toutes les branches : le travail de grains (-14,1 %), l’industrie du lait (-5,5 %) et la production d’aliments pour animaux (-13,8 %), contrastant avec les fortes hausses observées un an plus tôt.
Les industries chimiques baissent aussi lourdement (-11,3 %), avec des reculs significatifs dans la pharmacie (-15,1 %), la peinture (-17,4 %) et les résines synthétiques (-51,8 %).
Bois, cuirs et énergie : les rares lueurs
Dans ce panorama assombri, certains secteurs résistent. Le secteur de l’énergie, distinct des hydrocarbures, poursuit sa progression (+4,0 %), de même que les industries du bois (+19,6 %), portées par la menuiserie (+112,9 %) et l’ameublement (+26,8 %). Les industries du cuir confirment leur reprise avec une croissance de 13,1 %.
Les matériaux de construction, bien qu’en décélération, enregistrent encore une croissance modérée (+1,5 %), principalement grâce à la fabrication de produits rouges (+37,3 %). La production de verre et de produits en ciment, en revanche, continue de reculer.
Un signal d’alarme pour l’appareil productif
L’essoufflement de plusieurs secteurs stratégiques, en particulier des hydrocarbures, constitue un signal d’alarme pour l’économie algérienne. Loin de se limiter à une conjoncture passagère, ces reculs répétés révèlent la vulnérabilité de l’appareil productif, encore trop dépendant des branches extractives et soumis à des cycles instables. La diversification industrielle, tant évoquée, peine à s’imposer durablement.