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Algérie- Les professionnels du bâtiment veulent mettre fin à l’architecture anarchique

Par Yazid Ferhat 24 septembre 2016

A travers toute l’étendue du territoire national, on enregistre quotidiennement des constructions ne répondant à aucune norme architecturale ou urbanistique.

 

Le Collège national des experts architectes (CNEA) organisera le 3 octobre prochain au Bastion 23 -Palais du Rais- une journée débat sur le problème de l’architecture anarchique en étudiant notamment les conséquences de la loi 08-15 du 20 juillet 2008. Les professionnels du bâtiment vont participer à l’évènement, selon Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA.

Il a indiqué  à Maghreb Emergent que des architectes, des géomètres experts, des ingénieurs et des géologues ainsi que des notaires et des juristes vont pouvoir débattre les différents problèmes urbanistiques qui ont conduit le ministère de l’Habitat à décider la démolition des bâtisses qui « n’est pas la solution », soutient M. Boudaoud selon lequel « il faut faire dans la prévention ».

Il a souligné que le pays offre un spectacle désolant en matière de construction car « à travers toute l’étendue du territoire national on enregistre quotidiennement des constructions ne répondant à aucune norme architecturale ou urbanistique ».

Selon lui, cette anarchie se situe au niveau des constructions édifiées sans actes de propriété alors que des décisions d’attributions émanant des autorités locales continuent de servir depuis des décennies. Aussi, de nombreuses constructions sont érigées sur des terres agricoles et des ravins qui sont sujet à des éboulements et des inondations ou érigées sur des dessertes de gaz, en dessous des lignes haute tension et des réseaux divers.

L’expert souligne que cette fâcheuse situation a engendré les conséquences graves que le pays tout entier subit en matière de cadre bâti incohérent et agressif.

Il regrette que « malgré l’expérience amère vécue lors des catastrophes naturelles, inondation, séisme…on continue malheureusement à construire n’ importe où et n’importe comment ».

Ainsi le problème ne se situe nullement, selon lui, au niveau des lois qui existent et qui sont clairement élaborées depuis le titre de propriété, le permis de construire, le délai de réalisation, le suivi et contrôle des réalisations, jusqu’au certificat de conformité.

S’agissant des constructions non conformes déjà existantes sur l’ensemble du territoire national, vu leur nombre très élevé et dans le souci de ne pas trop pénaliser de nombreux usagers qui s’y sont investis financièrement et compte tenu des déficits en matière de logement, il recommande d’étudier la situation au cas par cas. Mais pour cela, « il est primordial qu’au niveau des 1541 communes, un recensement exhaustif et détaillé de ces constructions soit établi ».

Par la suite des expertises devront être initiées en se penchant sur des constructions au cas par cas pour envisager des solutions définitives à y apporter sans léser l’usager concerné, le voisinage, l’environnement tout en respectant les normes urbanistiques du site.

Marginalisation de l’architecte

L’architecte revient aussi sur l’historique du permis de construire qui est un document officiel qui autorise la construction ou la rénovation d’un bâtiment à usage d’habitation, industriel ou autre réglementé par le décret du 26 septembre 1975 l’ordonnance du 26 septembre 1978 relative au permis de construire et au permis de lotir. Viennent ensuite d’autres lois et décrets de 1982 et 1985 fixant notamment les modalités de délivrance du permis de construire et du permis de lotir. Il s’agit officiellement d’alléger les procédures administratives et de simplifier aux usagers l’établissement du dossier de permis de construire. Dans ces cas, l’Assemblée populaire communale met à disposition un catalogue de cellules et les plans types y afférents. Selon Boudaoud, « une telle initiative consisterait à anéantir purement et simplement le rôle de l’architecte qui a une mission de créativité ».

Il ajoute qu’une telle approche de la part de l’administration confirme clairement la marginalisation de l’architecte et de l’urbaniste ce qui est à l’origine du marasme que « notre pays dans le domaine du bâti ». Il affirme que dans aucun pays au monde, l’architecte ne doit se soumettre à des exigences de l’administration qui est profane en la matière même si elle a édicté quelques servant de référence comme la loi 04-05 modifiant et complétant la loi de 1990 relative à l’aménagement et l’urbanisme. Elle interdit d’entreprendre des travaux de construction sans permis de construire ou de les réaliser au mépris des plans graphiques ayant servi à l’obtention du permis de construire.

Cela n’a pas empêché d’aboutir à l’existence d’un patrimoine immobilier inachevé. Or, si la réglementation avait été respectée par les autorités chargées de l’urbanisme, « nous n’en serions pas arrivés à un parc aussi gigantesque de constructions illicites et inachevées qui a engendré un cadre bâti hideux et sauvage ».

Ce constat pousse l’architecte à souligner que le problème ne se pose plus en termes de promulgation de nouvelles lois mais d’application des textes qui existent déjà et ayant permis la création d’une commission chargée de l’achèvement des constructions de logement.

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