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Algérie: Ouyahia va-t-il lâcher Haddad ?

Par Maghreb Émergent 16 janvier 2018

Le Premier ministre a décidé d’annuler  sa participation à la conférence-exposition que le FCE (Forum des chefs d’entreprise)  organise conjointement avec la Sonatrach et la Sonelgaz, à partir de demain pour  sauver sa probable « rencontre avec son destin ».

 

 Ahmed Ouyahia ne va pas assister à la conférence-exposition du FCE à laquelle il é été pourtant annoncé par cette organisation comme une guest-star. L’annulation de cette participation a été décidée dans un contexte particulier marqué par le recadrage par le chef de l’Etat du Premier ministre au sujet du partenariat Public-Privé dont le chantier a été lancé récemment en grande pompes par l’Exécutif et dont il était désigné par l’opinion comme « le maitre-penseur ».  Incontestablement, l’instruction adressée par Abdelaziz Bouteflika à Ahmed Ouyahia sonne comme une affligeante mise au point, voire un désaveu pour ce dernier puisque le Président rappelle solennellement que « la mise en œuvre du Partenariat sociétaire » est soumise à son approbation.

RND-FCE : la sainte alliance ?

Depuis un moment déjà, Ahmed Ouyahia et Ali Haddad ne cachent pas leur proximité et ne ratent aucune occasion de s’afficher ensemble. Le Premier ministre a même osé dire « Ali Haddad est mon ami » en appelant à ne pas tirer sur les hommes d’affaires avant de crier « vive les oligarques algériens ». Mais cette alliance RND-FCE  ne s’est pas cristallisée dans des shows médiatiques seulement. Au contraire, elle s’est traduite par des entraides qui ont marqué la scène politico-économique nationale. En Effet, après Abdesselem Bouchouareb, cadre du RND, qui était l’homme de main du FCE au sein du Gouvernement et qui a œuvré à concrétiser nombre de propositions de cette organisation patronale, notamment dans le cadre de la loi de finance 2016 et le nouveau code d’Investissement, Ouyahia a repris le flambeau après la mise à l’écart de l’ex-puissant ministre de l’Industrie.

Au lendemain de son retour à la tête de l’Exécutif, celui-ci a fait une  sortie tonitruante à l’université d’été du FCE où il a eu à défendre les hommes d’affaires et à narguer son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune, débarqué après moins de trois mois de son installation à son poste, sous la pression des patrons. Mais, vraisemblablement, ce compagnonnage RND-FCE n’est pas bien perçu par certains cercles décideurs  qui ne s’empêchent pas d’y voir une sainte alliance pour la conquête du palais d’El Mouradia en 2019, ce qui risque de générer un scénario qui échapperait au contrôle. Mais cette alliance est sans cesse mise à mal. Va-t-elle durer jusqu’aux présidentielles de 2019 ?

Ouyahia va-t-il sacrifier Haddad ?

Tout porte à croire que Ouyahia va lâcher le FCE pour sauver sa peau. Du moins en apparence. Bien sûr, la sympathie de « l’homme des sales besognes » pour les « hommes d’affaires » est connue de tous. Toutefois, elle risque de briser sa carrière et d’y mettre définitivement fin en le dressant contre  certains segments durs du pouvoir qui pensent pouvoir reconduire le système sans lâcher du lest, sans réformer, sans ouvrir, sans privatiser. En effet, dans les milieux médiatiques et politiques, on insinue depuis quelques jours que les heures d’Ouyahia à la tête de l’Exécutif sont comptées.

On parle, ici et là, de son remplacement, probablement par le ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi. C’est Abdelaziz Bouteflika qui l’aurait décidé. Cette possible mise à l’écart fait naturellement peur à Ouyahia parce que, d’une part, elle sonne comme un désaveu auprès de l’opinion et, d’autre part, parce qu’elle signifie sa neutralisation politique pour l’élection présidentielle de 2019 à laquelle il n’aura à jouer qu’un rôle de second plan. Or, une telle évolution pour celui qui attend depuis des années « une rencontre avec son destin » le met en état de panique, c’est pourquoi, semble-t-il, il a décidé de prendre ses distances, du moins formellement, avec Ali Haddad, en annulant sa participation à la conférence-exposition que le FCE organise conjointement avec la Sonatrach et la Sonelgaz, à partir de demain. Mais, une question reste posée : ce petit divorce Ouyahia-Haddad est-il conjoncturel ou va-t-il, au contraire, s’inscrire dans la durée ?

 

 

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