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Algérie : pourquoi le pouvoir a-t-il si peur des réseaux sociaux ?

Par Aboubaker Khaled 11 février 2021

A dix jours de la commémoration du deuxième anniversaire du Hirak du 22 février 2019, qui a sonné le glas de l’ancien régime de Abdelaziz Bouteflika, plusieurs appels à la reprise des manifestations ont été lancés sur les réseaux sociaux.

Des appels qui ne sont pas passés inaperçus, tant est si bien que plusieurs représentants des pouvoirs publiques ne cesse, depuis une semaine, de mettre en garde contre l’omniprésence de la « main étrangère » et « les complots organisés sur les réseaux sociaux ». Deux éléments de langage, qui sont systématiquement mis en avant dans la rhétorique du pouvoir en place.

Une fois encore, c’est le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, qui sonne la charge, dans une interview accordée au quotidien public El-Massa. Il affirme que le Hirak est devenu la cible de « tentatives d’infiltrations multiples sur les réseaux sociaux et les sites d’information douteux érigés en tribunes ».

Le porte-parole du gouvernement a, en outre, pointé du doigt le régime marocain, qu’il’ accuse « d’avoir recruté des centaines d’agents dans le monde virtuel pour attaquer l’Algérie ».

Lors d’une journée parlementaire, tenue mardi 9 février 2021 au Cercle national de l’armée à Beni Messous, sous le thème de « la cybercriminalité et ses répercussions sur le pays et les citoyens », le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Slimane Chenine lui emboite le pas et confirme à son tour que « les réseaux sociaux sont exploités en vue de déstabiliser le pays et pour la diffusion des fake news contre les régimes politiques nationaux ».

dans le même sillage, la Commission de la Fatwa auprès du ministère des affaires religieuses, a publié mercredi un communiqué dans lequel elle soupçonne l’existence de « campagnes douteuses appelant la discorde sur les réseaux sociaux », celle-ci précise même que « des parties utilisent les réseaux sociaux comme terrain de guerres organisées contre l’Algérie ». ce communiqué relayé par la télévision publique, omet de signaler l’identité ou l’origine des protagonistes de cette « guerre contre l’Algérie ».

La commission de la Fatwa a appelé notamment les algériens « à faire face aux complots qui se trament contre l’Etat et veiller à la sauvegarde de la communion entre le peuple et son armée ».

Selon plusieurs sociologues et spécialistes des médias, en l’absence de l’ouverture au débat politique et social impartial sur les médias algériens officiels (télévision publique et privée et radios), les algériens n’ont eu d’autre choix que de transformer les réseaux sociaux en une tribune ouverte, permettant d’aborder tous les sujets de la vie, parmi lesquels ceux qui sont souvent sujets aux tabous.

Un éventuel retour du Hirak fait-il peur au pouvoir ?

Selon les spécialistes, ce scénario participe d’une stratégie pas si méconnue que ça des algériens. Durant l’année 2019, les manifestants du Hirak, qui n’étaient encore qu’à leurs balbutiements, ont très vite fait l’objet d’accusations, qui s’inscrivent en droite ligne avec le discours actuel.

Tantôt qualifiés de « jeunes manipulés » tantôt de « horde », les millions d’algériens sortis dans les rues avaient dû faire face à ces éléments de langage, qui s’apparentent à une forme de déni de la réalité, expliquent les sociologues. Une situation cristallisée, à l’époque, par les récurrente prises de paroles de l’ancien chef d’Etat majeur, feu Ahmed Gaid Salah, qui s’était alors érigé en porte parole de l’Etat.

Résultat des courses, des centaines de citoyens ont été traduits en justice depuis 2019, pour avoir exprimé, d’une façon ou d’une autre, leurs opinions politiques, notamment sur les réseaux sociaux. Des dizaines parmi eux ont même été condamnés à de la prison ferme, sous les chefs d’accusation « d’incitation à attroupement non armée », « complot contre l’Etat » ou encore « publication de contenu portant atteinte à l’unité nationale ».

Sur Twitter, le hashtag « #HIRAK_IS_BACK_IN_ALGERIA » bat son plein depuis une semiane. Ils a été cité des milliers de fois pour inciter les les algérien reprendre les manifestations contre le régime.

A la veille du 2ème anniversaire du début du Hirak, le 22 février prochain, beaucoup d’algériens ont lancé des appels à la reprise des manifestations (suspendues depuis le 14 mars 2020 à cause de la propagation de la pandémie Covid-19).

D’autre part, cette mobilisation sur les réseaux sociaux n’échappe pas à la récupération politique de la part des partis de l’ancienne alliance présidentielle.

Mercredi le FLN a invité l’ensemble de ses adhérents à une large mobilisation pour commémorer deux dates. D’abord, la journée nationale du Chahid le 18 février, puis l’anniversaire du HIrak appelé « journée national de la communion entre le peuple et son armée ».

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