Le tribunal de Dar El Beida a rendu cette semaine son verdict dans l’affaire de la spéculation illégale sur les pommes de terre de Mostaganem. Quatre prévenus, dont deux agriculteurs, ont été condamnés à sept ans de prison ferme, assorties d’amendes substantielles, tandis qu’un cinquième, jugé par contumace, écope de dix ans avec mandat d’arrêt. Ce jugement fait suite à la requête du procureur qui avait demandé la peine maximale de l’article 13 de la loi anti-spéculation, soit vingt ans de prison et dix millions de dinars d’amende.
Parmi les accusés, figurent un courtier impliqué sur le marché et l’auteur d’une vidéo virale ayant incité les agriculteurs à retarder la récolte, qui ont tous deux reconnu leur rôle. Le tribunal a estimé que « ces actes dépassaient le simple cri d’alerte pour basculer dans l’incitation à une pratique illégale mettant en péril la stabilité du marché local ». Les poursuites incluaient également « des menaces proférées à l’encontre de ceux qui enfreindraient ces consignes. »
Une vidéo à l’origine de l’affaire
L’affaire remonte à avril 2025, lorsqu’une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montre des agriculteurs exhortant leurs pairs à ne pas récolter les pommes de terre afin de maintenir artificiellement les prix. Cette séquence a rapidement provoqué un vif émoi public et déclenché une enquête préliminaire.
Les investigations ont révélé une stratégie orchestrée pour dénoncer les marges abusives appliquées par des courtiers acquérant à prix bas pour revendre à des tarifs exorbitants. Toutefois, la justice a considéré que « l’incitation publique au blocage de la récolte constituait une menace directe contre l’approvisionnement et la sécurité alimentaire ». Un des accusés a admis avoir sollicité la diffusion de la vidéo via un journaliste en échange d’une rémunération, dans le but de dénoncer cette situation.