M A G H R E B

E M E R G E N T

Algérie

Algérie – Projet de loi de finances: le gouvernement découvre les effets pervers de la subvention du crédit

Par Yacine Temlali
20 octobre 2015
Le siège du ministère des Finances à Alger (photo publiée sur le site de l’APS).

Le projet de loi de finances 2016 propose de limiter à 3% au maximum le taux de la bonification par le Trésor public des crédits bancaires accordés aux investissements autres que ceux relevant des dispositifs Ansej, Cnac et Angem ou ceux réalisés dans des régions spécifiques (Sud et Hauts-Plateaux). « La multiplicité des dispositifs de bonification brouille la perception de la politique publique d’encouragement de l’investissement », lit-on dans son exposé des motifs.

 

 

Le projet de loi de finances pour 2016 amorce un virage dans la politique de subvention généralisée du crédit mise en œuvre au cours des dernières années par les autorités financières. Le constat établi par les cadres du  ministère des Finances  est clair : non seulement cette politique s’est révélée de plus en plus coûteuse mais elle a également contrarié le développement du marché financier.

Le projet de loi de finances 2016 propose de limiter à 3% au maximum le taux de la bonification par le Trésor public des crédits bancaires accordés aux investissements autres que ceux relevant des dispositifs Ansej, Cnac et Angem ou ceux réalisés dans des régions spécifiques (Sud et Hauts-Plateaux). Une décision qui aura pour effet d’uniformiser, de simplifier et donc de rendre plus lisible et plus prévisible la politique du gouvernement dans ce domaine. « La multiplicité des dispositifs de bonification brouille la perception de la politique publique d’encouragement de l’investissement. Elle rend difficile la maîtrise de la prévision », explique l’exposé des motifs du projet de loi de finances 2016 qui estime les dépenses du Trésor au titre des bonifications sur la période 2015-2019 à près de 2 milliards de dollars, dépenses  dominées principalement par le groupe Sonelgaz et ses filiales.

 

Le  marché obligataire détruit par la politique de subvention du crédit

 

Le projet de loi de finances pour l’année prochaine note également que « le recours massif et systématique à l’outil de la bonification des taux d’intérêt provoque un effet d’éviction financier, ce qui contrarie les efforts déployés par les pouvoirs publics en vue de dynamiser le marché financier et obligataire pour en faire une alternative réelle au financement bancaire ».

Invité il y a deux semaines de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, un des principaux protagonistes du développement du marché obligataire de la place d’Alger entre  2003 et 2010 M. Hachemi Siagh, avait souligné le dynamisme de ce marché naissant au cours de cette dernière période. Une dynamique qui, malheureusement, a été  rapidement enrayée en raison de la politique mise en œuvre par les autorités financières algériennes elles-mêmes. Explication de Hachemi Siagh : « A partir de janvier 2010, les cours pétroliers sont en hausse très sensible et les banques algériennes se retrouvent rapidement en situation de surliquidité. Le ministère des Finances, sous l’autorité de Karim Djoudi,  décide alors de mettre en place un système de subvention des taux d’intérêt basé sur des bonifications très nombreuses et généralisées. Cette subvention massive du crédit  va provoquer d’abord une réduction sensible du programme d’émission obligataire de la place d’Alger « prévu en 2003 à 32 émissions et ramené rapidement à seulement une quinzaine. » Un programme qui n’a pas cessé de se rétrécir depuis cette date avant d’être réduit aujourd’hui à sa plus simple expression. 

 

La nouvelle conjoncture favorable à la relance le marché financier

 

Pour Hachemi Siagh, les conditions macroéconomiques sont désormais favorables à la relance du marché financier algérien. La situation de surliquidité des banques algériennes appartient au passé et les ressources du budget de l’Etat sont en chute libre, ce qui devrait conduire, c’est du moins le souhait qu’il exprimait, à une remise en cause rapide des politiques de subvention du crédit. La voie pourrait donc être  libre pour le retour sur le marché obligataire des « entreprises algériennes publiques et privées les plus performantes ».

Commentant les déclarations récentes du ministre des Finances sur le recours prochain  au marché obligataire  de plusieurs entreprises publiques, Sonelgaz  en tête, l’expert algérien estimait que les entreprises qui doivent s’orienter  vers le marché sont les bonnes entreprises. Ce qui n’exclut pas les entreprises publiques à condition qu’elles soient bien gérées, c’est-à-dire qu’elles assurent « clairement  la séparation entre la propriété du capital et la gestion de l’entreprise ».

ARTICLES SIMILAIRES

Á la une Actualités

Akram Khrief (directeur du site Menadefense) : L’enquête des Maliens est caduque

Akram Khrief, directeur fondateur de Menadefense (Media spécialisé dans les questions militaires), expose dans cet entretien les raisons pour lesquelles la justice malienne ne peut pas à mener d’enquête sur… Lire Plus

Actualités Algérie

Elections sénatoriales : la cour constitutionnelle annonce les résultats définitifs

La Cour constitutionnelle a annoncé aujourd’hui, les résultats définitifs des élections du renouvellement par moitié des membres du Conseil de la nation, qui se sont déroulées dimanche dernier. Le FLN… Lire Plus

Á la une Algérie

Bruno Retailleau : Le ministre qui attise les tensions franco-algériennes

Bruno Retailleau concentre aujourd’hui les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France. Sa communication agressive et ses méthodes ont désormais provoqué un rare recadrage public du parquet de Paris, symbole… Lire Plus

Á la une Actualités

Boualem Sansal : La chambre d’accusation confirme son mandat de dépôt

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal reste derrière les barreaux. Mercredi, la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Alger a rejeté le recours contre son placement en détention, confirmant ainsi son maintien… Lire Plus

Á la une Algérie

Elle mène campagne au profit de Tebboune à Tizi-Ouzou : revoilà Naima Salhi !

Naïma Salhi-Leghlimi, ancienne députée de la wilaya de Boumerdès et présidente du Parti de l’Équité et de la Proclamation (PEP), revient sous les projecteurs malgré son statut de femme politique… Lire Plus